Accra, Ghana, 29 octobre 2025:
Un nouveau rapport du Groupe de suivi mondial sur l’éducation de l’UNESCO (GEM), de l’Union africaine et du Centre africain pour le leadership scolaire, intitulé Lead for foundational learning , lancé à l’occasion de la Triennale de l’ADEA à Accra, au Ghana, le 29 octobre 2025, révèle que les niveaux d’apprentissage en Afrique sont encore plus faibles qu’on ne le pensait : seul 1 enfant sur 10 termine l’enseignement primaire avec le niveau minimum de maîtrise des apprentissages fondamentaux.
Principaux constats :
Une analyse complémentaire des données récemment publiées de l’évaluation de la lecture en début de scolarité montre que, dès la 3ᵉ année, la majorité des élèves congolais, nigérians et zambiens ne peuvent pas lire un seul mot.
La population des enfants non scolarisés en Afrique semble s’être stabilisée ces dernières années, atteignant 44 millions en 2023. (Des données ventilées par pays sont disponibles.)
Le rapport appelle les chefs d’établissement à mettre la priorité sur les tâches d’apprentissage plutôt que sur les tâches administratives afin d’améliorer les apprentissages fondamentaux.
Dans 14 pays à revenu faible et intermédiaire, les directeurs d’école consacrent 68 % de leur temps à la gestion administrative de routine.
Les conseillers pédagogiques, bien que leurs visites soient régulières, passent souvent trop de temps à aider les chefs d’établissement sur la discipline et l’administration, au détriment de l’accompagnement pédagogique.
Le rapport met en avant des pays comme le Kenya et le Rwanda, où une forte attention portée au leadership scolaire contribue à de meilleurs résultats d’apprentissage.
Trois actions urgentes sont proposées pour renforcer le leadership pédagogique :
Assurer un suivi de l’apprentissage à l’aide de données pour aider les élèves en difficulté à progresser. Les chefs d’établissement efficaces fixent des objectifs clairs d’apprentissage, se concentrent sur l’enseignement et l’apprentissage, soutiennent et motivent les enseignants, et encouragent la collaboration au sein de la communauté scolaire.
Sélectionner, préparer et accompagner les chefs d’établissement et les cadres du système éducatif comme futurs leaders pédagogiques. Actuellement, seuls 35 % des pays disposent d’un cadre de compétences définissant la sélection, la formation et le développement professionnel, et seulement 19 % exigent une formation préalable avant la prise de poste.
Renforcer les capacités des responsables éducatifs à comprendre les objectifs d’apprentissage et à soutenir les écoles pour les obtenir. Les responsables de district devraient disposer d’objectifs clairs liés à leurs évaluations et bénéficier d’une formation continue ciblée pour améliorer le pilotage pédagogique et l’assurance qualité fondée sur les données.
Un nouveau tableau de bord des politiques, placé sous l’égide du mécanisme africain d’apprentissage par les pairs LEARN de l’Union africaine, accompagne les recommandations du rapport Spotlight et présente les approches des États membres face à divers défis politiques, du curriculum au leadership scolaire, pour favoriser la collaboration et le dialogue politique autour de l’apprentissage fondamental.
Il montre que les chefs d’établissement doivent souvent composer avec des normes d’apprentissage faibles :
Manuels scolaires : bien que 21 pays africains disposent de politiques pour les manuels du primaire, ceux-ci demeurent rares; au Cameroun, jusqu’à 23 élèves partagent en moyenne un manuel, alors que la Côte d’Ivoire a réussi à garantir un manuel par élève. Langue : plus de la moitié des pays ne fournissent toujours pas de manuels dans la langue maternelle des enfants, rendant l’acquisition précoce de la lecture difficile. Nutrition : si 81 % des pays d’Afrique offrent des repas scolaires, ceux-ci ne couvrent en moyenne que 43 % des élèves du primaire.
Objectifs d’apprentissage : seuls 20 % des pays disposent d’un cadre national d’évaluation, ce qui signifie que la majorité n’ont pas d’objectifs clairs d’apprentissage. Le rapport appelle les pays à adopter le Cadre continental d’évaluation de l’Union africaine, qui peut les aider à définir des objectifs générant des données solides et fiables sur l’apprentissage.
Des rapports nationaux complémentaires sur les bonnes pratiques en matière d’apprentissage ont également été produits en partenariat avec les ministères de l’Éducation concernés, parallèlement au rapport continental Spotlight : pour le Kenya , le Cameroun , la Côte d’Ivoire et l’État de Kaduna (Nigeria). Un rapport pour le Maroc suivra prochainement.