Au Tchad, une nouvelle rébellion au Tibesti, une semaine après un énième accord de paix

Lundi 6 Octobre 2025

#Tchad 🇹🇩 Tibesti 🌴 | Naissance du « Bataillon des Martyrs de Miski » : quand les promesses bafouées et le pillage minier engendrent la révolte


 
Le communiqué publié ce 5 octobre 2025 par le « Bataillon des Martyrs de Miski » marque un tournant dans la crise qui ronge le Tibesti depuis des années. Ce nouveau groupe armé, né au lendemain de l’assassinat de trois jeunes par un soldat tchadien à Miski, n’est pas un surgissement spontané, mais le produit direct des promesses trahies, des accords jamais respectés et des exactions répétées de l’armée sur les populations locales.
 
Depuis plus d’une décennie, le pouvoir central a multiplié les pseudo-accords de paix avec les comités d’autodéfense du Tibesti. Toujours avec le même scénario : une signature en grande pompe, quelques promesses de désengagement militaire, puis le retour brutal des colonnes de blindés et d’hélicoptères. La population de Miski, harcelée et abandonnée, n’a jamais vu l’application réelle de ces engagements.
 
À cette humiliation s’ajoute la violence de l’armée. Les exécutions sommaires, les maisons brûlées et les arrestations arbitraires sont devenues la norme dans cette région, riche en ressources mais traitée comme une zone de non-droit. L’épisode du 4 octobre dernier – où trois jeunes ont été abattus à bout portant au marché de Miski – a fait déborder la coupe. C’est dans ce climat de sang et d’injustice que les habitants ont décidé de s’organiser sous la bannière du « Bataillon des Martyrs de Miski ».
 
Mais au cœur de cette révolte se trouve aussi la question du pillage des ressources. Or, antimoine, coltan : autant de richesses arrachées des entrailles du Tibesti et exportées frauduleusement vers Dubaï, la Turquie ou la Chine, par la SONEMIC et les généraux qui se partagent les butins. Pendant que des milliards s’évaporent dans les circuits mafieux, les villages de Miski vivent sans écoles, sans centres de santé, sous la botte militaire.
 
La naissance du « Bataillon des Martyrs de Miski » est donc une réponse à une double agression : la violence militaire d’un côté, le pillage économique de l’autre. Dans son communiqué, le groupe exige le retrait immédiat des forces tchadiennes et appelle la communauté internationale à protéger les civils et à faire respecter la souveraineté des populations locales.
 
En clair, Miski vient rappeler au pouvoir que les accords non tenus et la prédation des ressources finissent toujours par engendrer leur propre antidote : la résistance.
 
Correspondance particulière TchadOne à Bardaï