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Daech s’implante au Soudan, 9 morts et 14 arrestations

Mercredi 6 Octobre 2021

En une semaine, les forces soudanaises de sécurité ont déjoué deux actions terroristes faisant au total 14 morts parmi lesquels quatre agents de sécurité. Quatorze personnes présumées terroristes de différentes nationalités ont été arrêtées, dont deux égyptiennes. La dernière action était le lundi 4 octobre 2021, dans le district de Jabal, au sud de la capitale. Daech, s’est-il implanté au Soudan ?


Au moins 3000 soudanais ont prêté allégeance aux différents groupes terroristes, selon le ministre soudanais des affaires religieuses. Interrogé, mardi soir, par la télévision soudanaise de l’Etat, le général Amin Majzoub académicien, expert de la lutte contre le terrorisme, a indiqué que le nombre de soudanais appartenant à Daech, installés au Soudan est estimé à 700 voire 1000, à Jabal, à Charkhal-Nil, et le Darfour constitue un de leurs fiefs. Interrogé par la télévision soudanaise, le Directeur de la police de l’Etat de Darfour Est, le général Saleh Almoubarak a déclaré que son administration possède déjà une stratégie de prévention des conflits à commencer par ceux qui opposent éleveurs et agriculteurs, en cette période où la saison pluvieuse vient de s’achever et les éleveurs commencent à se déplacer avec leurs bétails. Le plus souvent, les terroristes préfèrent s’installer là où il y a des conflits communautaires.

« La saisie de la somme de 100 000 dollars en possession d’un des terroristes arrêtés nous a surpris », a souligné le général Majzoub, et d’ajouter qu’il n’existe aucune traçabilité bancaire et que le transfert s’est effectué en plusieurs fois et à travers de canaux classiques. Le Soudan, post Elbéchir est désormais menacé par Daech dont l’objectif est l’instauration d’un état islamique au Soudan. Les premières données de l’enquête attestent que la procédure de l’installation du réseau au Soudan ne s’est pas encore achevée lorsque ces terroristes sont pris de court. D’une formation militaire de haute qualité et en possession d’armes modernes, les membres du réseau n’étaient pas en état offensif mais défensif. « Il n’est pas exclu qu’on s’achemine vers des assassinats ciblés contre des hautes personnalités, et les services des renseignements et de sécurité doivent redoubler de vigilance », selon le général Amin Majzoub. Le Soudan qui s’oriente vers le rétablissement de ses relations avec Israël est désormais un terrain fertile pour les terroristes qui l’ont déjà menacé par une fatwa à partir du Yémen. « Le Mouvement pour le prêche et le combat, un groupe djihadiste peu connu et qui a assuré n'avoir aucun lien avec l'EI, a revendiqué le meurtre d’officiers ainsi qu'une tentative d'assassinat qui avait visé le Premier ministre Abdallah Hamdok en mars 2020 »[[1]]url:#_ftn1 . « C’est la première fois que les terroristes opèrent ouvertement, en pleine journée et en plein centre-ville de la capitale », selon le président du comité national contre le terrorisme, le général Issam Marzouk qui appelle à l’éradication le plus vite possible de ce fléau. Même si les forces soudanaises de défenses et de sécurité jouissent d’une formation de qualité en matière de lutte contre le terrorisme, cependant Daech peut profiter des conflits politiques qui divisent la société civile et les généraux. Ces derniers semblent s’agripper au pouvoir et mettent des bâtons dans les roues de la société civile qui aspire à l’instauration d’une démocratie. Dans un communiqué publié mardi soir, le service des renseignements généraux appelle la population à l’unité contre le terrorisme. L’appel intervient à un moment où la population n’a plus confiance à ses forces de sécurité, moins encore le service des renseignements exploité par l’ancien régime dans la répression et l’arbitraire. « Les différents services de sécurité étaient le bras terroriste d’Elbéchir et pour nous convaincre aujourd’hui, ils doivent faire un effort dans leurs relations quotidiennes avec la population », selon un citoyen ayant requis l’anonymat. La lutte contre le terrorisme, selon le général Dr. Adil Hassan expert dans la lutte contre le terrorisme, « ne doit pas être axée sur la force, mais aussi sur la base d’une stratégie de déradicalisation, de formation dans le changement de discours »[[2]]url:#_ftn2 , et de poursuivre, « Si la communauté internationale ne renforce pas la coordination avec le Soudan, ce pays sera le deuxième carrefour des terroristes après l’Egypte », a insisté le général Dr. Adil Hassan expert dans la lutte contre le terrorisme. Il convient de rappeler que c’est un ancien membre du groupe extrémiste « Dinguir », qui a tiré la sonnette d’alarme pour permettre aux forces de sécurité de précipiter l’offensive. Cet ancien extrémiste arrêté en 2012 et libéré après avoir bénéficié d’une séance de déradicalisation. A en croire le général Amine Majzoub, le réseau a été découvert depuis le 28 septembre à Jabra, au sud de Khartoum. Majzoub estime que la porosité des frontières, la corruption et la fragilité sécuritaire dans certains états facilitent la circulation des armes et des terroristes, en provenance d’Egypte et de Libye. Mais le général Adil Ajib Yacoub n’est pas de cet avis. Pour lui, le Soudan passe par un moment difficile après la chute d’Elbéchir, et le terrorisme est l’œuvre d’une manipulation des différents intérêts extérieurs[[3]]url:#_ftn3 . L’Etat, d’après lui, doit renforcer la capacité de ses services de sécurité en matière de renseignements et d’informations et faire en sorte que la confiance soit rétablie avec le peuple.

Enfin, pour combattre le terrorisme, le Conseil des ministres[[4]]url:#_ftn4 , a pris un certain nombre de mesures pour réguler l’entrée, la sortie et le séjour des étrangers sur le territoire soudanais.
Le Tchad entre plusieurs foyers de tensions
Revenant à la porosité des frontières et aux états fragiles dont font état les experts soudanais, nous espérons que cette menace puisse être prise au sérieux par les autorités tchadiennes. Encerclé par plusieurs foyers conflictuels, le Tchad jouit d’une expérience de qualité dans la lutte militaire contre le terrorisme. Il doit toutefois prendre au sérieux la menace à ses frontières pour :

1. Renforcer les mesures préventives pour parer à toute éventualité ;
2. Améliorer les capacités de ses services des renseignements dans la collecte des informations pour démanteler tout réseau dormant ;
3. Sensibiliser la population à la prévention de l’extrémisme ;
4. Impliquer les chercheurs en matière de sécurité, de la prévention et de lutte contre le terrorisme.
Après sa cuisante défaite en Syrie et en Iraq, Daech est en train de se renforcer en coordonnant ses actions en Afrique. El Barnawi, le nouvel homme fort, qui a fait scission de Boko Haram en 2016 et qui dirige désormais l’Iswap, Daech version Afrique de l'Ouest, a obtenu l’adhésion d’un nombre important de combattants et d’un soutien de taille en matériel de la part des instances dirigeantes de Daech. Sa stratégie consiste à préparer une offensive de taille contre les positions des forces "ennemies" dans l'espoir de reconquérir de nouvelles villes comme Gambarou, Banki et Maiduguri la capitale du Nord du Nigéria. 
 
Source : CEDPE
 

[[2]]url:#_ftnref2 Programme de dialogue national, Télévision d’Etat soudanaise, Mardi 5 octobre 2021.
[[3]]url:#_ftnref3 Télévision d’Etat soudanaise, Mardi 5 octobre 2021
[[4]]url:#_ftnref4 Communiqué officiel du Conseil des Ministres du 5 octobre 2021, Khartoum, Soudan.