source image https://urls.fr/q_Jrfm
Bissau – 26 novembre 2025. L’armée de Guinée-Bissau a annoncé avoir pris le pouvoir, selon une déclaration officielle diffusée ce dimanche. Le pays rejoint ainsi la liste des États africains récemment secoués par des coups d’État militaires (Niger, Guinée, Tchad, Burkina Faso, Mali). Un coup de force justifié par la lutte contre le trafic de drogue. Comme souvent dans ce type de situation, les militaires affirment avoir agi pour « déjouer une tentative de déstabilisation » orchestrée cette fois-ci par un homme d’affaires lié au trafic de drogue. Cette justification fait écho aux discours occidentaux, notamment à celui du président américain Donald Trump, qui a multiplié les déclarations sur la lutte contre les narcotrafiquants. Ce coup d'état intervient dans un contexte électoral explosif alors que le pays attendait l’annonce des résultats des élections présidentielle et législatives organisées dimanche. L’incertitude politique et les tensions autour du scrutin semblent avoir favorisé l’intervention des militaires.
Un nouveau commandement militaire mis en place. Le général Denis N’Canha, chef de la maison militaire de la présidence, a déclaré la mise en place d’un « Haut commandement pour la restauration de l’ordre », chargé de diriger le pays jusqu’à nouvel ordre. Selon lui, cette prise de pouvoir est motivée par la découverte d’un « plan visant à déstabiliser la nation avec l’implication de barons locaux du trafic de drogue ».
La Guinée-Bissau, déjà fragilisée par une histoire politique marquée par des coups d’État et une forte influence des réseaux criminels, voit son avenir encore plus incertain. La communauté internationale devrait réagir dans les prochains jours, alors que les observateurs redoutent une nouvelle période d’instabilité prolongée.
L’Union africaine face à ses limites
L’Union africaine devrait, comme à son habitude, intervenir pour suspendre la Guinée-Bissau et exiger un retour à l’ordre constitutionnel. Mais de telles mesures risquent de rester symboliques, révélant une fois de plus l’incapacité de l’institution à imposer ses décisions et l’inefficacité de ses mécanismes de sanction. Selon un expert du Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE), cette faiblesse s’explique par les bases fragiles sur lesquelles l’Union africaine a été constituée. L’organisation regroupe des États aux pratiques politiques très hétérogènes, dont certains ne respectent pas les valeurs démocratiques qu’elle prétend défendre.
L’expert estime qu’il serait nécessaire de refonder l’Union africaine autour des pays qui répondent réellement aux critères de respect des institutions et des principes démocratiques. À ses yeux, l’Europe constitue un exemple : l’Union européenne s’est construite sur des règles strictes, conditionnant l’adhésion au respect de la démocratie, de l’État de droit et des droits fondamentaux.