La junte au pouvoir à N’Djamena durcit sa posture sécuritaire face aux répercussions régionales de la chute d’El-Fasher.

Samedi 1 Novembre 2025

Reprise par plusieurs médias internationaux, cette analyse a visiblement accentué l’inquiétude au sein de la junte tchadienne, déjà fragilisée par des tensions internes. Les généraux du sérail digèrent mal la position du chef de la junte le maréchal Mahamat Kaka et les exactions attribuées aux FSR contre les civils soudanais, que les organisations de défense des droits humains estiment à plus de 2 000 morts. À cela s’ajoutent des informations selon lesquelles une délégation de la rébellion tchadienne serait présente depuis le 29 octobre à Port-Soudan, dans la foulée de la chute d’El-Fasher — un signal qui n’a pas échappé à N’Djamena.


La junte militaire au pouvoir à N'Djamena a ordonné la fermeture complète de la frontière avec le Soudan et le déploiement d’un dispositif militaire renforcé le long de l’axe frontalier. Les routes stratégiques reliant les villes d’Adré et de Tiné au territoire soudanais sont désormais bloquées, avec l’installation de check-points permanents. Des drones de surveillance ont été mobilisés pour couvrir l’ensemble des corridors sensibles, jusqu’aux confins du Darfour.
Cette décision intervient 48 heures après la publication de l’analyse de Bradley Isabelle, spécialiste de la Corne de l’Afrique, qui a alerté sur les répercussions géopolitiques majeures de la prise d’El-Fasher par les Forces de Soutien Rapide (FSR). Selon elle, cette chute a provoqué une onde de choc à N’Djamena, menaçant la stabilité des zones frontalières et ravivant les craintes d’une instrumentalisation de la frontière orientale — historiquement utilisée comme levier de changement de régime au Tchad.
Reprise par plusieurs médias internationaux, cette analyse a visiblement accentué l’inquiétude au sein de la junte tchadienne, déjà fragilisée par des tensions internes. Les généraux du sérail digèrent mal la position du chef de la junte le maréchal Mahamat Kaka et les exactions attribuées aux FSR contre les civils soudanais, que les organisations de défense des droits humains estiment à plus de 2 000 morts. À cela s’ajoutent des informations selon lesquelles une délégation de la rébellion tchadienne serait présente depuis le 29 octobre à Port-Soudan, dans la foulée de la chute d’El-Fasher — un signal qui n’a pas échappé à N’Djamena.
L’armée soudanaise aurait-elle décidé d’activer la carte des mouvements politico-militaires tchadiens ? La menace pourrait également provenir des FSR/T, selon plusieurs rumeurs circulant sur les réseaux ces derniers jours.
Toujours selon Bradley Isabelle, le basculement stratégique au Soudan coïncide avec une mobilisation accrue de l’opposition armée tchadienne à l’étranger, soulevant des interrogations légitimes sur une possible synchronisation des agendas. La chute d’El-Fasher, bastion symbolique aux confins du Darfour, menace directement la stabilité du Tchad. Cela pourrait affaiblir l’influence du chef de la junte au pouvoir, créant un terreau favorable à une reprise des hostilités, avec l'insurrection de plusieurs généraux.
Dans ce contexte, le mouvement FACT (Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad) réapparaît comme un acteur structurant. Le 26 octobre 2025, il a réussi à fédérer les principales forces d’opposition, politiques et armées, lors d’un rassemblement d’envergure à Nantes, en France. Les participants ont exprimé leur volonté d’unifier leurs rangs pour intensifier ce qu’ils qualifient de « lutte pour sauver la patrie » face à une « dictature totalitaire ».
Cette dynamique pourrait redéfinir les équilibres politiques, militaires et médiatiques, notamment si toutes les tendances de l’opposition — y compris le mouvement émergent H23 — parviennent à s’unir. Composé majoritairement de jeunes militants, H23 se distingue par son activisme et ses revendications centrées sur la justice sociale et le développement inclusif au Tchad.

Lire également l'analyse de Bradley Isabelle en cliquant sur le lien suivant El-Fasher : fracture régionale et recomposition du pouvoir au Tchad