La posture morale de Zelensky obstrue le sommet trilatéral

Vendredi 22 Aout 2025

Zelensky, tout en gardant sa fermeté, pourrait envisager une stratégie de communication plus nuancée afin de ne pas décourager les efforts de médiation.


Volodymyr Zelensky, président d’un pays meurtri par une guerre dévastatrice, incarne une résistance morale légitime. Ses propos virulents envers Vladimir Poutine traduisent une douleur nationale profonde et une volonté de ne pas banaliser l’agression. Mais dans une dynamique de recherche de paix, il faut parfois choisir entre principes et pragmatisme.
La fracture de langage dans le camp ukrainien a poussé Donald Trump à déclarer que réunir les deux hommes reviendrait à « mélanger de l’huile et du vinaigre ». Quant à Vladimir Poutine, il s’est rétracté après un accord initial, estimant que le moment n’était pas opportun et qu’une rencontre devrait être précédée de négociations techniques entre experts. Cette posture illustre le fossé entre une Ukraine en quête de justice et une Russie campée sur ses intérêts géopolitiques.
Négocier avec un ennemi qui occupe 20 % de son territoire est une nécessité douloureuse, mais incontournable. L’histoire regorge d’exemples où des pourparlers ont été engagés malgré des atrocités : Nelson Mandela avec le régime de l’apartheid, ou encore les accords de Dayton pour la Bosnie. Ces précédents rappellent que la paix se construit souvent avec ceux que l’on considère comme ennemis.
 
Pour que cela fonctionne dans le cas de l’Ukraine et la Russie, il faut un minimum de confiance, même si elle est tactique. Il faut des médiateurs crédibles avec une volonté politique réelle de part et d’autre.
Si Donald Trump souhaite jouer le rôle de médiateur, il devra s’armer de patience, éviter les déclarations intempestives et convaincre les deux camps que la paix vaut plus que la posture. De son côté, Zelensky, tout en gardant sa fermeté, pourrait envisager une stratégie de communication plus nuancée afin de ne pas décourager les efforts de médiation.
L’espoir, toutefois, pourrait venir du président Recep Tayyip Erdoğan, qui entretient de bons rapports avec les deux parties. Il a récemment déclaré que la Turquie est prête à accueillir un sommet. Cette proposition mérite d’être explorée avec sérieux, car elle pourrait offrir un cadre neutre et symbolique pour amorcer un dialogue trilatéral.

 AYD
Président du CEDPE
yacoubahmat@aol.com


photo: tdg.ch