Le Soudan confronté à un conflit qui ne parvient pas à trouver une solution

Samedi 13 Avril 2024

Le 15 avril 2024 marque le triste anniversaire d'un an de combats fratricides entre l'armée soudanaise et les Forces de Soutien Rapide (FSR).


Une année d’affrontements où il est difficile de prévoir un vainqueur et un vaincu puisque chacune des deux parties dispose plus de cent mille hommes avec un arsenal impressionnant, soutenus par des partenaires étrangers. Si pendant les 10 premiers mois du conflit, les FSR du général Hemetti ont mis en déroute l'armée soudanaise, occupant plusieurs garnisons et plusieurs villes, faisant plus de trois mille soldats prisonniers, on constate que l'armée soudanaise dirigée par le général Alburhane s'est, depuis décembre dernier, ressaisie, réorganisée, enregistrant quelques victoires insignifiantes avec la reprise d'Omdurmane et la tentative d'encercler la ville de Wadmadani, la capitale agricole d'Eljazeera. L'armée qui a réussi à se maintenir à Babanouss malgré douze offensives des FSR contre le 22e régiment, tente de déloger les FSR de la province d’Aljazeera avec l'appui de la coalition rebelle composée de 7 mouvements signataires de l'accord de Jouba.

Il faut reconnaître que la situation militaire de l'armée demeure difficile puisque les FSR contrôlent toujours deux des trois points stratégiques de la capitale Khartoum à savoir le palais présidentiel et l'aéroport international qui demeurent toujours entre les mains des FSR. L'avantage de l'armée ces dernières semaines réside dans l'utilisation des drones qui ont joué un rôle important dans la reprise de la Radio Omdurman après avoir pulvérisé une cinquantaine de véhicules des FSR. Plusieurs sources attribuent cette réorganisation de l’armée et la reprise de l’initiative de l’offensive à un groupe d'officiers parmi lesquels le général Ahmat Ibrahim Moufadal, directeur général des renseignements généraux, un fin stratège, connaisseur du dossier tchadien. Attaché militaire au Tchad dans les années 80, c'est lui qui, aux commandes de la gestion de la rébellion tchadienne qui est arrivée jusqu'aux portes de la capitale tchadienne le 2 février 2008. De nos jours, il est responsable de la réorganisation d'une rébellion contre le pouvoir de N'djamena, que son pays accuse de soutenir les FSR du général Hemetti.

Il convient de rappeler que le soutien militaire apporté par des partenaires étrangers complique encore davantage l'espoir d'une solution négociée. C'est maintenant que tout se joue avec les confrontations dans trois parties stratégiques du Soudan : Aljazeera, Fashir et Khartoum. Le contrôle de Khartoum par l’armée priverait les FSR de l’aéroport international et du Palais présidentiel, deux lieux que les FSR contrôlent depuis une année après la débandade de l’armée du général Elburhane.
Les deux semaines à venir sont cruciales pour les parties en conflit. Si l'un des trois lieux stratégiques était contrôlé ou perdu, cela changerait la donne. Néanmoins, il est compliqué pour les deux parties de remporter cette guerre qui ne prendra fin que par la négociation, car il n'y aura ni vainqueur, ni vaincu.
CEDPE