Le Soudan, un peuple debout au milieu des ruines

Samedi 8 Novembre 2025

Je disais hier à un ami que, malgré l’horreur du conflit, surtout les massacres impardonnables, perpétrés à El-Fascher par les FSR, les Soudanais demeurent plus proches du développement que bien des nations comme le Tchad, la Centrafrique, le Congo pourtant "en paix".


Les Soudanais, même au cœur de la guerre et de la misère, continuent de faire preuve d’un humour déconcertant. J’ai lu récemment cette phrase devenue virale :
« Un soldat qui a pris son petit-déjeuner à un dollar a abattu un drone stratégique à quatre millions de dollars. »
Derrière cette ironie se cache une profonde vérité : ce peuple, éprouvé mais lucide, n’a jamais perdu sa capacité à tourner la tragédie en dérision, ni à croire en sa propre force.
Je disais hier à un ami que, malgré l’horreur du conflit, surtout les massacres impardonnables, perpétrés à El-Fascher par les FSR, les Soudanais demeurent plus proches du développement que bien des nations comme le Tchad, la Centrafrique, le Congo pourtant "en paix". Leur intelligence collective, leur résilience et leur sens du travail sont impressionnants. Quand je vois comment ils échangent leurs contradictions, avec acharnement mais avec respect et objectivité sur les réseaux sociaux et dans les sphères politiques, les Soudanais finiront, j’en suis convaincu, par cimenter une paix des braves, et reprendre la marche en avant comme si rien ne s’était passé.
Car même en pleine guerre, le pays affiche des signes de vitalité étonnants : 64 tonnes d’or produites en 2024, plus de 300 usines ayant déjà repris leurs activités. Ce ne sont pas de simples chiffres — ce sont les battements de cœur d’un peuple qui refuse de mourir, qui continue à produire, à rire et à espérer.
Le Soudan, au fond, nous rappelle que le développement n’est pas seulement une question de stabilité politique ou de richesse naturelle.
Pourtant, C’est d’abord une volonté de vie. Fin octobre, j'étais dans une conférence sur la sécurité à Addis, lorsqu'un ancien chef d'état a posé la question au ministre des Affaires étrangères éthiopien pour savoir comment l’Ethiopie a réussi e si peu de temps ce développement ? Le ministre a assuré que c'est grâce à la solidarité et à l'intelligence humaine. Il a avoué qu'en 2020, le pays a créé un institut de l'intelligence humaine qui a servi de fer de lance au développement. Le ministre a déclaré que son pays a assuré aujourd'hui son autosuffisance en énergie et qu'il vend l'excédent aux pays voisins, à commencer par la Somalie. 
Enfin, ce conflit nous touche, et l'indifférence constitue un délit. Notre contribution doit être orientée vers la recherche de la paix, sans prendre parti.
Dr. Ahmat Yacoub