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Soudan / Guinée : Elbéchir déclare sa responsabilité et Dadi décline toute responsabilité.

Mardi 20 Décembre 2022

Elbéchir a même été applaudi par ses partisans venus nombreux assister au procès alors que dans le procès de Dadi Camara, la raillerie s’empare de la salle lorsque l’ancien leader guinéen se trouve en difficulté pour répondre aux questions des procureurs et avocats de la partie civile. A la question de savoir quel type de développement son régime a réalisé ? le capitaine Dadi cite une réunion avec les leaders des partis politiques après le coup d’état.


Soudan / Guinée : Elbéchir déclare sa responsabilité et Dadi décline toute responsabilité.

 

Deux procès des deux anciens présidents africains se déroulent en ce moment. Une coïncidence qui attire l'attention des observateurs sur deux systèmes appartenant à deux cultures différentes. Alors que l’arabo-islamiste Omar Hasan Elbéchir l’ancien président soudanais a reconnu publiquement mardi la pleine responsabilité du coup d’État de 1989 qui a renversé le gouvernement du défunt Premier ministre Sadiq al Mahdi et tout ce qui s’ensuit, le francophone guinéen Dadi Camara a non seulement nié toute responsabilité, mais il accuse ses anciens proches d’être impliqués dans les massacres du 28 septembre 2009, le pillage et les violations des droits de l’homme. Il va jusqu'à dire qu'il a appris à travers les rumeurs et la presse tout ce qui s’est passé. Elbéchir a nié tout rôle aux civils et aux militaires du Conseil de commandement révolutionnaire dans la planification et la mise en œuvre de la prise du pouvoir. « Tous ceux qui sont présentement détenus ne sont aucunement responsables. Je suis le seul responsable du coup d’État et de tout ce qui s’est passé durant mon règne et j’assume avec honneur et fierté », a tenu à déclarer l’ancien président soudanais.

 

Interrogé sur sa responsabilité sur le coup d’état, il a dit : "Je me présente devant cette cour, fièrement pour dire que je suis le chef et le poseur de bombe de la révolution nationale du salut, et j’assume toute la responsabilité de ce qui s’est passée en juin 1989".

 

Elbéchir a justifié le coup d'État par les mauvaises conditions dans lesquelles l’armée souffrait et certaines villes du sud du Soudan sont tombées entre les mains des rebelles, déclarant que le gouvernement n’a pas respecté le mémorandum qui lui a été remis avec un ultimatum de 7 jours pour prendre toutes les dispositions face à l’ampleur de la menace en raison de la faiblesse de l’armée et de la pénurie importante des armes, des munitions et de médicaments.

 

Il a souligné que l'intervention de l’armée était la conséquence des déficits de l'administration politique et de l'échec des partis politiques à bien gérer le pays.

 

S’agissant du développement du pays, El Béchir s’est vanté des réalisations accomplies lors de son accession au pouvoir du Soudan dans les domaines de l’infrastructure, des routes, des ponts et des efforts dans le développement du secteur de l’électricité, ainsi que de l’attention portée à l’enseignement public et supérieur, à la promotion des services de santé, l’expansion de l’assurance-maladie et la création de centaines de centres de santé, ainsi que l’extraction du pétrole et le décaissement de ses services de développement et de modernisation.

 

« Nous gérons le pays depuis plus de 10 ans avec un budget de moins de 1 milliard de dollars, mais nous travaillons au développement et avons connu de nombreux succès… nous avons servi notre peuple et lui avons donné ce que nous méritons ». Elbéchir a été même applaudi par ses partisans venus nombreux assister au procès alors que dans le procès de Dadi Camara, la raillerie s’empare de la salle lorsque l’ancien leader guinéen se trouve en difficulté pour répondre aux questions des procureurs et avocats de la partie civile. À la question de savoir quel type de développement, son régime a réalisé ? le capitaine Dadi cite une réunion avec les leaders des partis politiques après le coup d’état.

 

Dadi ne se prive pas d’enfoncer ses anciens amis. Il cite nommément et plusieurs fois le commandant Toumba et le ministre de la Défense. Il se dit innocent et demande au président du tribunal de le libérer. Dadi nie tout et dit ignorer tout ce qui se passe autour de lui.

 

Enfin, en dehors de différentes culturelles constatées, les deux procès peuvent servir d’exemple à tous ceux qui veulent bien ouvrir les yeux et comprendre que le temps de s’accrocher au pouvoir au prix du sang est révolu et que le monde a changé avec une jeunesse africaine qui refuse qu’on le mette dans un fait accompli.

Abou Adil
chercheur associé au CEDPE

 


Abou Adil