Dr. Ahmat YACOUB
Doctorat en Sociologie
Président du Centre d’études pour le développement
et la prévention de l’extrémisme - CEDPE
France-Tchad
Un partenariat inégalé
Extrait
Doctorat en Sociologie
Président du Centre d’études pour le développement
et la prévention de l’extrémisme - CEDPE
France-Tchad
Un partenariat inégalé
Extrait
(…) Après son retour au Tchad de la négociation de Paris sur le transfert des compétences qui a débouché aux accords[[1]]url:#_ftn1 signés, le 12 juillet 1960, par le premier ministre François Tombalbaye et le premier ministre Français, Débré ; François Tombalbaye accuse — sans le dire officiellement-la France d’accorder une grande importance à Lisette, son adjoint. Se basant sur son constat, il provoque un incident avec la France. Par arrêté N° 1050 du 19 août 1960, François Tombalbaye interdit à son adjoint Lisette, en mission en Israël, de revenir au Tchad. L’ordre a été donné à la gendarmerie d’arrêter le Ministre Conseiller au cas où celui-ci n’obéirait pas à ces instructions et s’hasardait à regagner le pays. Mais le commandant de la gendarmerie tchadienne qui était français, refuse cet ordre en soulignant que c’était le rôle de la police. Que ce rôle soit celui de la gendarmerie ou de la police, on comprend mal le refus d’un officier de se soumettre aux ordres du Président de la République ! Ce refus a réitéré l’impression de François Tombalbaye qui croyait déjà que la France accordait trop d’importance à son adjoint Gabriel Lisette. A partir de là, le torchon a commencé à brûler entre Paris et Fort-Lamy (N’djamena). Le même jour du 23 août 1960 où Kotoko, l’envoyé de Tombalbaye à Paris, est reçu par le premier ministre français Débré, où celui-ci estime que Tombalbaye se doit de retirer l’arrêté interdisant l’accès de territoire tchadien à Gabriel Lisette, où l’intéressé même accepte de ne pas rentrer au Tchad mais demande un entretien avec Tombalbaye lors de son passage à Paris ; le Conseil des ministres tchadien décide d’évincer Gabriel Lisette et fait rentrer au gouvernement le PNA (Parti national Africain) de Djibrine Kherallah.
Pour entériner sa décision, François Tombalbaye convoque son Parti le PPT (parti progressiste tchadien) pour un congrès extraordinaire à Moundou (Sud du Tchad) d’où il se fait élire le 3 septembre 1960 à la présidence du parti en remplacement de Gabriel Lisette l’ancien Vice premier ministre.
A la suite des déclarations de Gabriel Lisette parues dans le journal « Le Monde » François Tombalbaye a décidé de faire lui aussi insérer dans le même journal une mise au point. Afcour, Haut Représentant de la France à Fort-lamy a fait savoir à François Tombalbaye « qu’il serait délicat, dans son différend avec Lisette de porter leur opposition sur la place publique et que s’il répondait à la déclaration à ce dernier, il était préférable dans son intérêt de le faire avec prudence et objectivité. Ainsi, il éviterait de gêner le gouvernement français dont Lisette est encore membre en tant que Ministre Conseiller. Tombalbaye avait rétorqué que c’était Lisette qui le premier avait porté le différend sur la place publique et que l’intervention venait trop tard car le matin même il avait envoyé au journal le Monde une déclaration dont il fit parcourir le texte à Afcour. En plus le président Tombalbaye confirma ses griefs de vive voix.
Primo : si les journaux (acceptaient) les déclarations de M. Lisette (pourquoi) n’accepteraient-ils pas les siennes ? Secundo : chacun sait que M. Lisette a (essayé de) saboter les fêtes de l’indépendance. Tertio : A Paris on ne connaît ni le Tchad ni les tchadiens, mais on écoute M. Lisette. Pour entériner sa décision, François Tombalbaye convoque son Parti le PPT (parti progressiste tchadien) pour un congrès extraordinaire à Moundou (Sud du Tchad) d’où il se fait élire le 3 septembre 1960 à la présidence du parti en remplacement de Gabriel Lisette l’ancien Vice premier ministre.
A la suite des déclarations de Gabriel Lisette parues dans le journal « Le Monde » François Tombalbaye a décidé de faire lui aussi insérer dans le même journal une mise au point. Afcour, Haut Représentant de la France à Fort-lamy a fait savoir à François Tombalbaye « qu’il serait délicat, dans son différend avec Lisette de porter leur opposition sur la place publique et que s’il répondait à la déclaration à ce dernier, il était préférable dans son intérêt de le faire avec prudence et objectivité. Ainsi, il éviterait de gêner le gouvernement français dont Lisette est encore membre en tant que Ministre Conseiller. Tombalbaye avait rétorqué que c’était Lisette qui le premier avait porté le différend sur la place publique et que l’intervention venait trop tard car le matin même il avait envoyé au journal le Monde une déclaration dont il fit parcourir le texte à Afcour. En plus le président Tombalbaye confirma ses griefs de vive voix.
Afcour qui était mis en position de défense, répondait que les journaux (ne publieraient pas) des déclarations qui pouvaient mettre en cause l’honorabilité des personnes car ils s’exposaient à des poursuites en diffamation, mais le Président ne parût pas sensible à cet argument. Devant le refus du Monde de publier sa déclaration, il [pourrait] envelopper le gouvernement français dans son ressentiment, or il [doit] comprendre qu’un journal n’est pas le gouvernement français »[[2]]url:#_ftn2 .
Finalement le Monde a refusé de publier la lettre de Tombalbaye dont les termes lui paraissent diffamatoires vis-à-vis de Lisette et Tombalbaye a décidé d’écrire au directeur du journal car il estime que sa mise au point aurait lui être retourné sans publicité.
Voilà donc un des dossiers extrasensibles que le Tchad et la France ont eu à affronter après l’indépendance et qui a joué sur leurs relations politiques et diplomatiques. C’était le premier incident après l’indépendance et le premier rapport de force politico-diplomatique entre « l’ex dominateur et le dominé ».
Finalement le Monde a refusé de publier la lettre de Tombalbaye dont les termes lui paraissent diffamatoires vis-à-vis de Lisette et Tombalbaye a décidé d’écrire au directeur du journal car il estime que sa mise au point aurait lui être retourné sans publicité.
Voilà donc un des dossiers extrasensibles que le Tchad et la France ont eu à affronter après l’indépendance et qui a joué sur leurs relations politiques et diplomatiques. C’était le premier incident après l’indépendance et le premier rapport de force politico-diplomatique entre « l’ex dominateur et le dominé ».
[[1]]url:#_ftnref1 LETTRE N° 1742/C.2, LE 18/07/1960, Du Haut-Commissaire Représentant le président de la Communauté à FL. au SE aux relations avec les états de la Communauté, Paris, MAE, DAM1 Tchad, CARTON 521211 SÉRIE 3377, vol. 4 2 TEL. N°214 à 218/C.2, LE 18/08/1960, DE AFCOUR FL, A LA COMMUNAUTE PARIS, MAE, DAM1 TCHAD, CARTON 521211 SÉRIE 3377, vol.4
[[2]]url:#_ftnref2 TEL. N°272 à 277, Le 12/09/1960, Du Haut-commissaire représentant le président de la Communauté à FL. Au SE aux relations avec les états de la Communauté, Paris, MAE, DAM1 TCHAD, CARTON 521212 SÉRIE 3377, vol.4