Une recrudescence inquiétante des violences jihadistes en Afrique subsaharienne

Mardi 11 Novembre 2025

L’Afrique subsaharienne est confrontée à une résurgence alarmante de la violence jihadiste, ravivant les souvenirs douloureux des années 2010–2020. Les foyers de crise du Bassin du Lac Tchad et de l’espace AES (Alliance des États du Sahel) sont à nouveau sous haute tension.


On les croyait affaiblis, Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) font parler d'eux.

Les derniers événements survenus dans le nord-est du Nigeria sont particulièrement révélateurs : plus de 200 morts ont été recensés à la suite de violents affrontements entre Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Ces combats ont eu lieu dans la localité de Dogon Chiku, sur les rives du Lac Tchad, une zone historiquement utilisée comme refuge par les groupes armés.

Cette guerre fratricide entre factions jihadistes ne fait qu’aggraver l’instabilité dans une région déjà fragilisée par des années de conflit, de déplacements massifs et de pauvreté chronique. Elle met également en lumière l'échec du processus de DDRR et la résilience des groupes armés, capables de se réorganiser et de se redéployer malgré les efforts militaires régionaux.

L’espace AES sous pression : Bamako menacée

Dans l’ancien espace du G5 Sahel, désormais réorganisé sous l’Alliance des États du Sahel (AES) — regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger — la situation est tout aussi préoccupante. Des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique progressent vers Bamako, la capitale malienne, suscitant une alerte diplomatique majeure.

La France, encore marquée par son retrait forcé du Mali et la perte d’accès aux ressources minières maliennes, a appelé ses 4 300 ressortissants à quitter le pays en urgence, invoquant la gravité de la menace sécuritaire. Cette décision, jugée précipitée par certains observateurs, alimente les tensions diplomatiques et renforce les accusations portées par les autorités maliennes, qui soupçonnent Paris de jouer un rôle indirect dans le processus de déstabilisation du pays.. Cette mesure rappelle les évacuations massives des années précédentes, lorsque les capitales sahéliennes étaient sur le point de basculer sous contrôle jihadiste. Le Mali va t-il faire appel à l'armée française ou tchadienne pour le sauver?
Vers une nouvelle décennie de chaos ?

La question se pose avec acuité : l’Afrique subsaharienne est-elle en train de replonger dans une décennie de violences similaires à celles de 2010–2020 ? À l’époque, les insurrections jihadistes avaient provoqué des milliers de morts, des millions de déplacés, et une fragmentation des États.

Aujourd’hui, malgré les efforts de coopération militaire entre les pays de l’AES et les appels du président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno à une réponse régionale coordonnée, les groupes armés semblent regagner du terrain. Le manque de coordination internationale, le retrait de certaines forces occidentales, et les tensions politiques internes compliquent davantage la riposte.
Ce qu’il faut surveiller L’évolution des combats entre factions jihadistes dans le Bassin du Lac Tchad La progression vers les capitales sahéliennes, notamment Bamako et Ouagadougou La réponse régionale et internationale, notamment les initiatives du Tchad et de l’Union africaine Le sort des populations civiles, premières victimes de cette instabilité car il faut éviter El-Fasher/BIS.