Violents affrontements dans le Lac Tchad

Samedi 10 Juillet 2021

Après la mort de Abubakar Shekau, chef historique du groupe, Bakura qui dirige une aile de Boko Haram et Elbarnawi le tomber de Shékau se disputent l'héritage.


Bakoura Modou, dit Sahaba, le nouveau chef présumé du groupe de Boko Haram peine à assoir son autorité sur ce qui reste de combattants de son rival Shékau, mort en mai dernier lors de combats avec le groupe de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest, l’Iswap. El Barnawi, le nouvel homme fort, qui a fait scission de Boko Haram en 2016 et qui dirige désormais Daech version Afrique de l'Ouest, a donné un ultimatum d'un mois aux éléments de Boko Haram de lui prêter allégeance ou de quitter définitivement le maquis. Alors qu'un millier d'hommes aurait décidé de rejoindre l’Iswap, et malgré l'envoi par Bakoura Modou d'un émissaire pour solliciter des négociations, des violents affrontements ont été signalés, samedi et dimanche derniers, opposant les deux factions faisant de nombreux morts. La stratégie du leader de l'Iswap Abou Mous-ab Al-Barnawi est de profiter de la saison pluvieuse pour faire passer sous son contrôle tout le territoire autrefois acquis aux deux tendances rivales. L'Iswap prétend lancer après la saison pluvieuse des grandes offensives contre les positions des forces "ennemis" dans l'espoir de reconquérir de nouvelles villes comme Gambarou, Banki et Maiduguri la capitale du Nord du Nigéria. Avec l'adhésion d'une bonne partie des éléments de Shékau après la défaite dans son fief, Daech est en train de renforcer sa position dans la forêt de Sambisa, dans le nord-est du Nigeria et se rapproche des frontières nigériennes et tchadiennes où s'y trouve son nouveau rival successeur de Shékau mort en martyr selon Bakoura Sahaba qui a promis le venger, qualifiant Albarnawi d'un agresseur pervers.

En effet, le conflit dans le bassin du Lac Tchad a fait environ 36.000 morts et deux millions de déplacés. Force est de souligner que sous la pression militaire et surtout après la dernière opération militaire tchadienne de Bohoma, le groupe qui est affecté par des sérieuses divisions internes s'est éclaté en plusieurs factions et ne compte aujourd'hui dans ses rangs qu’environ 6500 personnes soit 44,77% de son effectif de 14520 personnes (fin 2015 - début 2016). Parmi les 6500 personnes appartenant à Boko Haram sur le terrain, 1690 sont des femmes. En prenant en compte ce détail, il ne reste que 4800 combattants actifs sur le terrain éparpillés dans les différentes factions. Pour reconquérir les cœurs de la jeunesse et des villageois déçus par le passé de la politique de la terre brûlée de Shékau, Albarnawi a lancé une campagne de communication et sensibilisation.

Par ailleurs, une des technicités utilisées par les combattants de Shékau est d’encercler - à l’aube - un village puis rassembler tous les habitants avant de choisir deux à trois personnes au hasard pour les égorger séance tenante, puis demander l'avis des autres. Face à la terreur, tous les villageois prêtent séance tenante allégeance à la secte. Aujourd'hui, Boko Haram n'a pas cette possibilité car il a perdu plus de 85% de son territoire et 8000 personnes entre morts et désengagés. Le nombre total de désengagés est de 6 476 dont 2354 en 2020.
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Source: CEDPE


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