La mort de M. Fulbert, un drame d’une gravité extrême

Lundi 4 Aout 2025

Ce drame est d’une gravité extrême et, en faisant preuve de laxisme face à une telle horreur, nous risquons d’ouvrir la voie à une nouvelle culture de crimes violents au Tchad.


 
Tout d’abord, je présente mes condoléances et mon respect à la famille du défunt. Au nom du CEDPE, je condamne fermement ce crime odieux, qui ne reflète en rien nos valeurs, nos coutumes ni notre culture au Tchad. Le suicide par immolation ne fait pas partie de nos traditions.
 
En tant que chercheur, je considère qu’il est impératif que l’enquête prenne en compte toutes les hypothèses et perceptions possibles afin d’éclaircir pleinement les circonstances du décès. Parmi ces hypothèses, plusieurs questions méritent d’être posées :
Si le défunt occupait un poste de directeur auprès du gouverneur de la province de l'Ennedi, pourquoi ce dernier n’a-t-il exprimé aucun regret ni présenté ses condoléances publiquement ? Cela cache-t-il des implications politiques ou administratives ?
Pourquoi le défunt a-t-il quitté son lieu de travail ? A-t-il été confronté à des menaces ou à des pressions qui l’auraient poussé à fuir ? Des plaintes ou des messages en ce sens ont-ils été enregistrés ?
 
Pourquoi n’a-t-il pas tenté de solliciter la protection ou l’aide du gouverneur ? Pourquoi n’a-t-il pas lancé un appel à l’aide ? Le service de renseignement est-il impliqué dans cet acte barbare ? Et si oui, pourquoi ? Comment expliquer le silence de ce service malgré les soupçons qui circulent ? Ce qui me surprend également, c'est la célérité avec laquelle le procureur de la République a pris une position avant même le début de l'enquête!
 
L’affaire est-elle liée à une question d’"honneur" ou à une atteinte à la réputation, telle qu’une accusation d’adultère ? Si tel est le cas, a-t-on assisté à une forme de "vengeance" exercée en dehors du cadre légal ?
 
Quelle est la fiabilité des informations diffusées concernant l’immolation ? Un tel acte ne doit pas être pris à la légère. Une enquête médico-légale et judiciaire indépendante doit impérativement être ouverte pour établir les causes du décès et les preuves criminelles.
La société civile, elle aussi, doit s’engager activement pour contribuer à cette enquête. Ce drame est d’une gravité extrême et, en faisant preuve de laxisme face à une telle horreur, nous risquons d’ouvrir la voie à une nouvelle culture de crimes violents au Tchad.
 
Ces interrogations ne visent pas à confirmer ou à rejeter une hypothèse en particulier, mais plutôt à ouvrir la voie à une investigation objective, approfondie et multidimensionnelle, qui prenne en compte les dimensions sociales, politiques et culturelles, dans le but de faire éclater la vérité et de servir la justice.
Dr. Ahmat Yacoub

Le 1er témoignage du chef de race Kérim Ahmat Youssouf Pierre (cliquez sur le lien ci-dessous)
https://www.facebook.com/reel/612599838249321