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Conflit libyen : des conséquences multiples et pesantes dans l'espace du G5 Sahel

Mercredi 11 Novembre 2020

l'intervenant Kebir Mahamat Abdoulaye présente des chiffres édifiants sur la situation socio-économique en Libye avant et après la crise. Il cite notamment une chute considérable du PIB (48 milliards dollars aujourd'hui contre 87 milliards en 2008) et des exportations pétrolières, "plongeant le pays dans une tourmente économique".


N'Djamena - Le conflit libyen et ses conséquences dans l'espace du G5 Sahel a été au centre d'une conférence-débat ce mardi au Centre d'études pour le développement et la prévention de l'extrémisme (CEDPE). L'évènement a réuni plusieurs participants dont des représentants et diplomates de l'ONU, du PNUD, de la CBLT, de l'ambassade de France ou encore de l'Union européenne.

Dans son intervention, le président du CEDPE, Ahmat Yacoub Dabio, évoque la présence de mercenaires et la présence étrangère qui constitue une interférence. Aussi, il y a une multitude de milices qui occupent le territoire libyen. "L'instabilité peut non seulement profiter aux milices, mercenaires mais aussi aux différents pays impliqués pour des raisons économiques et stratégiques. Cela donne l'occasion aux groupes terroristes de ressurgir", estime-t-il.

Évoquant l'impact dans l'espace du G5 Sahel, Dr. Ahmat Yacoub Dabio énumère des cas d'attaques, de terreurs, des attentats, des trafics d'armes et de drogues, des enlèvements, des fermetures de frontières, tandis que les États fragiles en profitent pour imposer des tracasseries de pièces d'identité, de marchandises et ériger plus de barrières.

D'après lui, "ça a touché la démocratie. Il y a eu un recul net de la démocratie dans l'espace du G5 Sahel. Il y a aussi un recul du développement parce que les États préfèrent investir dans les armes pour se sécuriser. Il y a aussi un recul dans la liberté d'expression. Il y a plus d'investissements dans les armes. Il y a eu des déplacements de populations, des fermetures d'écoles et de centre de santé", à l'exemple du Burkina Faso.

Le Tchad est l'un des pays le plus touché par la crise libyenne. Depuis la chute de Kadhafi, le sud de la Libye échappe au contrôle des autorités libyennes, constate le président du CEDPE. Il relève que le nombre de tchadiens morts en Libye est estimé à plus de 750 personnes.

Sur le plan de la recherche de la paix en Libye, Dr. Ahmat Yacoub affirme que l'Union africaine a été mise à l'écart, même dans la recherche d'une solution.

Pour sa part, l'intervenant Kebir Mahamat Abdoulaye présente des chiffres édifiants sur la situation socio-économique en Libye avant et après la crise. Il cite notamment une chute considérable du PIB (48 milliards dollars aujourd'hui contre 87 milliards en 2008) et des exportations pétrolières, "plongeant le pays dans une tourmente économique".

Il explique que quand Kadhafi était au pouvoir, il finançait 1/4 du budget de l'Union africaine. De même, la Libye était un grand investisseurs de plusieurs pays dont le Tchad. "La Libye apportait beaucoup d'aides", dit-il.

"Aujourd'hui, il y a plus de 20 millions d'armes qui circulent. Des armes qui proviennent essentiellement du stock de la Libye après le renversement de Kadhafi", s'alarme Kebir Mahamat Abdoulaye. Il préconise une stabilité politique plutôt qu'une solution militaire, condition sine qua none du retour à la paix et de la quiétude pour ce pays d'Afrique du Nord et pour les voisins.

Un impact sur la jeunesse

Deux autres intervenants se sont penchés sur la question de l'impact sur la jeunesse et le rôle des partenaires dans la lutte contre le terrorisme. Il s'agit de Josiane Darwatoye et Ahmat Adam Defallah. Ils ont relevé que la situation en Libye a engendré des conséquences sur les jeunes. L'on note notamment des cas d'abandon d'études, la perte d'emploi, les trafics en tous genres, la migration et les pratiques d'orpaillage.

"Il est urgent d'adopter des politiques et des procédures visant à protéger les jeunes", suggère Josiane Darwatoye. Elle relève l'importance de réformer l'éducation et réduire le chômage à travers l'autonomisation.

Pour mieux affronter les défis, cinq États se sont regroupés au sein du G5 Sahel. Ahmat Adam Defallah estime que c'est une "fierté".