Connectez-vous S'inscrire
Menu

Dans la vie infernale des jihadistes

Mardi 13 Décembre 2022

Une fois dans les rangs de la secte, les éléments de Boko-Haram (BH), volontaires ou forcés mènent une vie sous haute tension. Traqués d’un côté par les forces gouvernementales, ils doivent également faire face aux guerres de territoire qui s’imposent à eux face aux autres groupes terroristes. Leurs quotidiens sont sulfureux.


L’intégration

Dans la vie infernale des jihadistes
Pour les nouvelles recrues, l’arrivée au sein de la secte est caractérisée par une succession d’épreuves destinée à les éprouver. Elle procède à une sélection particulièrement rude et péniblement supportable. Aucune des nouvelles recrues n’échappe aux exigences de la sélection. Pour éviter toute éventuelle infiltration, le groupe applique une approche sécuritaire qui consiste à faire subir à la nouvelle recrue un interrogatoire musclé et des tests assortis de nombreuses questions : accepte-t-elle de se faire exploser pour regagner le paradis ? Si elle avait le choix du lieu pour se faire exploser, où choisirait-elle ? Un camp militaire, un commissariat, un marché, une mosquée pleine de gens etc. ? Dans quelle ville et quand déciderait-elle d’exécuter sa mission ? Accepterait-elle d’égorger son père, son frère ou sa mère ? Etc.

Puis arrive la phase d’endoctrinement, un mélange de récitations du Coran, de prêche des idéologues du mouvement, qui intervient avant l’apprentissage du maniement des armes. Certains imams et marabouts ont volontairement rejoint la secte même si « 7/10 des personnes qui sont avec Boko Haram ont été enrôlées de force » témoigne un désengagé.

Pendant toute la période d’intégration dans le mouvement, la recrue est tenue à l’écart des activités quotidiennes et des programmes des offensives militaires. En gros, elle doit éviter de parler ou d’adresser la parole aux autres. Il s’agit d’éviter toute évasion, un casse-tête qui préoccupe beaucoup le mouvement ou toute infiltration des agents des Etats, hantise des chefs de la secte.

Si malgré tout, le processus d’intégration n’a pas donné lieu à un résultat probant, la recrue est soumise à l’isolement et aux travaux forcés. Il est question que celle-ci ne puisse s’échapper du joug du mouvement au risque de le trahir en le livrant. Boko Haram préfère appliquer une sévère sentence comme la condamnation à mort par balle. Toute tentative d’évasion est considérée comme un délit grave et l’auteur est pendu ou égorgé en public pour servir d’exemple et dissuader les autres. Pour ce faire, BH dispose d’une unité chargée de la terreur, des tueurs à gage, une sorte d’escadron de mort composé d’individus capables de procéder aux exécutions sommaires.

C’est quand on juge que le lavage de cerveau a réussi, que la nouvelle recrue qui a déjà appris le coran et compris les interprétations « fallacieuses » selon les préceptes idéologiques du groupe, passe à la phase suivante qui est le maniement des armes pour devenir un bon combattant ayant adhéré à la doctrine de la lutte armée sacrée (Al-jihad). Mais ce ne sont pas toutes les recrues qui deviennent des combattants, surtout celles qui sont enlevées ou recrutées de force. Elles sont déployées dans les champs et exercent des activités telles que la pêche, le trafic de drogue, l’élevage etc. pour le compte du groupe.

La femme au sein de Boko Haram

En 2016, selon une étude menée par le CEDPE, Boko Haram comptait dans ses effectifs 6926 femmes soit 42,7%. En 2018, la secte a perdu 1666 femmes de moins (mortes, désengagées, fugitives etc.) mais toujours est-il que la présence de la gent féminine est restée importante au sein du groupe. Il est difficile d’interpréter les motifs exacts (d’aucunes sont gagnées par le syndrome Stockholm) qui expliquent la présence des femmes dans une organisation telle que Boko Haram, lorsque ce paradigme ne correspond pas à la vie sociétale des pays oriento-musulmans et surtout que le mouvement est caractérisé par l’instabilité en raison des traques des forces mixtes.

Le désir de recruter des femmes découle de l’idée qui prévaut dans les organisations extrémistes selon laquelle la femme pourrait être un butin de guerre, que les Moudjahidines doivent en bénéficier surtout en ce qui concerne le mariage, concédé comme un droit acquis aux combattants conformément à l’idéologie des extrémistes.

Parmi les méthodes adoptées par le groupe jihadiste, la femme peut être contrainte au divorce ou soumise à assouvir le plaisir sexuel des Moudjahidines de retour du combat surtout si son mari est accusé d’apostat. Le nombre des femmes actives dans les opérations militaires du groupe est quasi inexistant compte tenu de l’idéologie des extrémistes qui consiste à cloitrer le sexe féminin dans les activités comme le ménage, la garde des enfants, le pâturage, le lavage des habits de combattants, l’apprentissage du coran ou l’assouvissement du plaisir sexuel.

Cependant, nombreuses sont les jeunes filles qui servent de bombe humaine pour le compte des extrémistes. L’une des stratégies militaires de BH est l’utilisation des jeunes filles de 10 à 16 ans dans des opérations de kamikaze. Ces dernières ont créé une sorte de psychose au sein des grandes villes comme Maidugri, Fotokol, Damatura, la région du Lac-Tchad etc. Les femmes ne sont pas épargnées de ces opérations suicides, notamment les épouses de combattants tués ou arrêtés.

Une organisation structurée

Boko Harm est organisé en plusieurs unités : Une unité chargée de la propagande, une unité chargée de la collecte et l’analyse des infos, une unité de combat, une unité chargée des massacres et des exactions (vol, pillage etc.), une unité de terreur (égorger et découper, torturer, violer les femmes dans les localités assiégées), une unité chargée de la collecte des butins, taxes, patentes et impôts, une unité chargée des activités ménagères.