Un adage arabe dit « lorsque le bœuf tombe, les couteaux se multiplient ». La Libye de Kadhafi qui faisait par le passé trembler est tombée par terre après la chute du guide libyen qui a géré sans partage le pays. Et en bon dictateur, il a laissé le destin prévoir sa fin tragique à travers ce qu’il appelait « des rats et des va-nu-pieds ». Arrivés au pouvoir, «les va-nu-pieds» ont, malheureusement, laissé le soin aux étrangers de chercher à les chausser. En fait, les neuf années post-jamahiriya ont-elles peut être donné raison à Kadhafi.
- Les révolutionnaires sont scindés en une multitude de milices menant des affrontements fratricides meurtriers, détruisant tout sur leur passage. Les meilleures infrastructures du pays civiles comme militaires, fruits de la révolution du Livre Vert, n'ont pas résisté aux casseurs : installations militaires et pétrolières, structures bancaires et commerciales, aéroports, routes, sociétés d’électricité et d’eau...etc. Force est de reconnaître que le guide libyen, malgré son pouvoir personnel, avait néanmoins fait bénéficier à la Jamahiriya des meilleures infrastructures modernes en Afrique et un niveau social nettement meilleur que celui des pays « développés ». A l’époque de Kadafi, la vie était moins chère.
En effet, à cette époque l’état subventionnait l’électricité, le gaz, l’eau et les vivres. La protection sanitaire était gratuite et accessible à tous sans aucune exception. Chaque libyen, selon l’idéologie du guide basée sur les principes du Livre Vert, a le droit à l’habitat gratuit. Or, ceux que le guide appelait «des va-nus-pieds» s’emparent du pouvoir et se livrent à des pillages systématiques des ressources du pays, des enlèvements et liquidations physiques d’objecteurs de conscience, d’hommes d’affaires, des activistes et d’Hommes politiques. Bref, le pays a été mis à genoux et tous les éléments sont réunis pour attirer la convoitise d’un consortium constitué d’opportunistes ayant soufflé à l’oreille de l’homme fort de l’Est que le moment serait venu pour s’emparer de la capitale.
Ainsi, Haftar a cru pouvoir réaliser ses ambitions. Il promet des contrats juteux aux membres du Consortium moyennant un soutien financier, sécuritaire et militaire. L’armada engagée par les forces de Haftar était impressionnante sauf qu’il lui manquait des conseillers en mesure d’attirer son attention sur les dispositions militaro-sécuritaires d’en face et sur le profil de la qualité de membres de son Consortium. D’abord l’Egypte ne semble pas avoir le moyen d’investir sur cette aventure même si de temps en temps le Président Sissi fait des déclarations de guerre ; la France démocratique non plus ne peut pas aller jusqu’au bout, sans l’accord de l’Assemblée nationale et le soutien logistique de l’OTAN. Il reste l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. N’étant pas fabriquant d’armes, ils sont tout au moins les bailleurs de fonds d’une sale guerre. Néanmoins, ils sont les seuls à pouvoir désinformer leurs alliés occidentaux (membres du Consortium) et financer l’aventure du maréchal. En tout cas, en leur miroitant de juteux contrats d’achats d’armes. Au moment où Tripoli était dans un mouchoir de poche pour les forces de Haftar, un autre invité sort de nulle part avec force et impétuosité déjouant l’ambition du maréchal et son Consortium. Il s’agit de la Russie qui était aux aguets en attendant le moment propice.
La stratégie de «l’Ours Rouge» consiste à se faire devancer par les mercenaires du groupe Wagner avant d’officialiser sa présence militaire. Il n’est pas difficile de constater que le Consortium occidental a stupidement œuvré pour l’avènement en Libye de l’Ours Rouge, désormais bien installé, et sans lequel aucune option n’est envisageable. La diplomatie turque soufflant le chaud et le froid n’est pas restée indifférente aux lignes rouges russes en Libye. Son protégé qui s’empresse à en découdre militairement avec Syrte a été d’une part, conseillé de ne pas provoquer l’Ours Rouge et d’autre part, lui donner le temps de trouver un terrain d’entente. La dynamique turque est résumée par Didier Billion, dans l’édition de Le Monde diplomatique en date du mois d'octobre 2019 de la manière suivante: «Pour saisir les dynamiques de la diplomatie turque, il faut tout d’abord prendre en compte l’une de ses constantes, souvent résumée par la formule «de Sèvres», du nom du traité signé le 1er août 1918 sous la pression des vainqueurs du premier conflit mondial et qui démantelait l’Empire ottoman. Sous cette expression se cachent l’ensemble des angoisses existentielles nationales. Et, de fait, on compte parmi les ressorts structurants de la politique extérieure turque « un nationalisme ombrageux ». Si les deux pays se sont entendus sur l’épineux dossier syrien, il n’y a aucune raison de ne pas trouver un terrain d’entente en Libye. En Syrie, il convient de le rappeler, malgré une escalade verbale et militaire, ils sont parvenus à se mettre d’accord en mettant en place des patrouilles mixtes tout au long de l’autoroute stratégique M4, qui traverse la province d’Ed-lib en reliant Alep à Lattaquié. «Turquie des années 90 et celle d’aujourd’hui n’est plus la même d’un point de vue Visio politique, quand il y a un leader qui s’est rapproché des frères musulmans pour des raisons de pragmatisme, qui s’est retourné vers le Moyen Orient et il n’a plus les yeux rivés vers l’OTAN et l’Europe comme c’était son propre cas dans les années 90, qui veut véritablement servir de parrain de Moyen Orient et qui implique nécessairement la cause palestinienne »(Nathanaël Chouraqui I24 News, 12 juin 2020).
Par Ahmat Yacoub et F. Boulandi
Lire l'intégralité de l'analyse intitulée "L'imbroglio libyen" en cliquant sur le lien suivant https://www.amazon.fr/Limbroglio-libyen-Mahamat-Ahmat-Yacoub/dp/B08KJKGT53
Ainsi, Haftar a cru pouvoir réaliser ses ambitions. Il promet des contrats juteux aux membres du Consortium moyennant un soutien financier, sécuritaire et militaire. L’armada engagée par les forces de Haftar était impressionnante sauf qu’il lui manquait des conseillers en mesure d’attirer son attention sur les dispositions militaro-sécuritaires d’en face et sur le profil de la qualité de membres de son Consortium. D’abord l’Egypte ne semble pas avoir le moyen d’investir sur cette aventure même si de temps en temps le Président Sissi fait des déclarations de guerre ; la France démocratique non plus ne peut pas aller jusqu’au bout, sans l’accord de l’Assemblée nationale et le soutien logistique de l’OTAN. Il reste l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. N’étant pas fabriquant d’armes, ils sont tout au moins les bailleurs de fonds d’une sale guerre. Néanmoins, ils sont les seuls à pouvoir désinformer leurs alliés occidentaux (membres du Consortium) et financer l’aventure du maréchal. En tout cas, en leur miroitant de juteux contrats d’achats d’armes. Au moment où Tripoli était dans un mouchoir de poche pour les forces de Haftar, un autre invité sort de nulle part avec force et impétuosité déjouant l’ambition du maréchal et son Consortium. Il s’agit de la Russie qui était aux aguets en attendant le moment propice.
La stratégie de «l’Ours Rouge» consiste à se faire devancer par les mercenaires du groupe Wagner avant d’officialiser sa présence militaire. Il n’est pas difficile de constater que le Consortium occidental a stupidement œuvré pour l’avènement en Libye de l’Ours Rouge, désormais bien installé, et sans lequel aucune option n’est envisageable. La diplomatie turque soufflant le chaud et le froid n’est pas restée indifférente aux lignes rouges russes en Libye. Son protégé qui s’empresse à en découdre militairement avec Syrte a été d’une part, conseillé de ne pas provoquer l’Ours Rouge et d’autre part, lui donner le temps de trouver un terrain d’entente. La dynamique turque est résumée par Didier Billion, dans l’édition de Le Monde diplomatique en date du mois d'octobre 2019 de la manière suivante: «Pour saisir les dynamiques de la diplomatie turque, il faut tout d’abord prendre en compte l’une de ses constantes, souvent résumée par la formule «de Sèvres», du nom du traité signé le 1er août 1918 sous la pression des vainqueurs du premier conflit mondial et qui démantelait l’Empire ottoman. Sous cette expression se cachent l’ensemble des angoisses existentielles nationales. Et, de fait, on compte parmi les ressorts structurants de la politique extérieure turque « un nationalisme ombrageux ». Si les deux pays se sont entendus sur l’épineux dossier syrien, il n’y a aucune raison de ne pas trouver un terrain d’entente en Libye. En Syrie, il convient de le rappeler, malgré une escalade verbale et militaire, ils sont parvenus à se mettre d’accord en mettant en place des patrouilles mixtes tout au long de l’autoroute stratégique M4, qui traverse la province d’Ed-lib en reliant Alep à Lattaquié. «Turquie des années 90 et celle d’aujourd’hui n’est plus la même d’un point de vue Visio politique, quand il y a un leader qui s’est rapproché des frères musulmans pour des raisons de pragmatisme, qui s’est retourné vers le Moyen Orient et il n’a plus les yeux rivés vers l’OTAN et l’Europe comme c’était son propre cas dans les années 90, qui veut véritablement servir de parrain de Moyen Orient et qui implique nécessairement la cause palestinienne »(Nathanaël Chouraqui I24 News, 12 juin 2020).
Par Ahmat Yacoub et F. Boulandi
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