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Le Soudan, à feu et à sang

Mercredi 19 Avril 2023

La situation dans la capitale soudanaise, où se trouvent diverses forces appartenant à différents groupes des mouvements politico-militaires, était préoccupante et les affrontements étaient prévisibles


Le Soudan, à feu et à sang
Tout a commencé le samedi 15 avril à 9h15 lorsque les habitants de la capitale soudanaise ont été surpris par une salve de coups de feu. Alburhane et Hemetti, les deux généraux au pouvoir depuis la chute du président Elbechir en 2019, ont décidé d'accorder la priorité aux armes pour résoudre leur malentendu. Une tentative de putsch ? les deux entités militaires en l’occurrence les forces d’interventions rapides dirigées par le vice-président Mohammed Dagalo Hemetti et l’armée nationale restée fidèle au président du Conseil de souveraineté et de transition le général Abdelfattah Al Buhran, s’accusent mutuellement ! 

Depuis quelques semaines, les deux anciens amis qui ont dirigé ensemble le renversement du président Omar Hasan Elbechir étalaient leurs divergences sur la place publique. Le commandant adjoint de RSF le général Abdelrahim Dagalo, le grand frère du général Hemetti, ne s’est pas privé d’attaquer ouvertement le président Alburhane. Dans une déclaration à New York Times, il a déclaré que le chef de l’armée Abdul Fatah al Burhan s’est entouré avec son commandement général d’un mur en béton pour se protéger, alors qu’il ne se souciait pas si le reste du pays brûlait. Il a accusé les généraux de s’emparer du pouvoir après la chute d’Elbéchir. Il accuse les généraux d’être à l’origine du recul du pays avec des manifestations qui se poursuivent et une économie effondrée. Il constate que maintenant les généraux se battent pour la conservation du pouvoir alors qu’il serait mieux de le remettre aux civils. 

Cette situation intervient à un moment où l’armée et les civils « forces de la liberté et du changement » s’apprêtaient à apposer leurs signatures sur un accord final visant à remettre le pouvoir aux civils - du moins sur papier - avant le quatrième anniversaire de l’éviction de Bashir, le 11 avril. Il convient de rappeler que le processus de l’accord a été facilité par un mécanisme tripartite constitué de la MINUS, de l’Union africaine et de l’IGAD en vue de rétablir le pouvoir civil renversé en octobre 2021 par un deuxième coup d'État.

La cause du 2ème report de la signature de l’accord est due au désaccord des deux entités militaires sur le délai de réforme et d’intégration des forces de soutien Rapide aux forces armées nationales. Alors que l’armée exige une réforme immédiate jusqu’à intégration des RSF, le vice-président soudanais du Conseil de souveraineté et commandant des forces de soutien rapide (RSF) Monsieur Mohamed Hamdan Dagalo exige un processus décennal pour entamer le processus de réintégration de sa milice. Il souligne que le soudan peut s’inspirer des modèles d’Afrique du Sud, des Philippines, du Zimbabwe ou la Namibie qui ont connu des évolutions rapides dans la réforme et la modernisation de l’armée.
Le report de l’accord de transfert du pouvoir aux civils et le retour de l’armée aux casernes a suscité des manifestations à Khartoum et dans d’autres villes contre le régime militaire et la monopolisation du pouvoir.
Par ailleurs, Arko Minnawi, un leader du bloc démocratique qui rejette le processus politique en cours, a déclaré dans un tweet sur son compte Facebook que son groupe avait accepté une proposition sur la base d’un pourcentage de participation entre 47 et 53%. Cependant, le leader de la FFC Yasser Arman a réfuté cela ; il a souligné que le temps des quotas est caduc.

Aucune clarification n’a été reçue du mécanisme tripartite comprenant les Nations unies, l’Union africaine et l’IGAD, mais Arman a exclu un retour à la formule de quota en vigueur par le passé ; "Ceux qui parlent de l’offre de participation de 47% sont incapables de voir les tâches de la révolution et de la construction de l’État basée sur la citoyenneté et la non-discrimination ".

Bref, la situation dans la capitale soudanaise, où se trouvent diverses forces appartenant à différents groupes des mouvements politico-militaires, était préoccupante et les affrontements étaient prévisibles. C'est dans ces conditions que le samedi 15 avril, les Soudanais ont goûté aux premières conséquences de l'embrasement de ce beau pays berceau de l'humanité. C'est dans ce pays accueillant que, pour des raisons politiques, culturelles ou alimentaires, des personnes de divers pays africains y trouvent refuge.

Vu par le CEDPE