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Les femmes, doublement victimes de guerres et conflits en Afrique

Lundi 30 Octobre 2023

La condamnation de Dominic Ongwen par la CPI (Cour Pénale Internationale) coupable de 61 crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis dans le Nord de l’Ouganda entre juillet 2002 et décembre 2005 en sa qualité de chef de la Brigade Sinia du LRA (Armée de Résistance du Seigneur).


Les femmes, doublement victimes de guerres et conflits en Afrique
L’Afrique est le continent le plus durablement touché par les guerres civiles et conflits depuis les indépendances à cause des crises politiques ayant pour source la mauvaise gouvernance. Les catégories de personnes de la société les plus touchées sont les femmes et les enfants. Les femmes sont doublement victimes en ce sens que, d’une part elles sont victimes de pertes en vies humaines en perdant un proche ( mari, fils, frère, neveu, sœur…), victimes de pertes de gains économiques ou commerciaux, puisque tout est dévastés par les guerres ou conflits. D’autre part, elles sont victimes de crime de guerre, notamment la violence sexuelle.

L’utilisation de la violence sexuelle comme tactique ou arme de guerre et ses conséquences sur les femmes et filles victimes de guerre en RDC, RCA, Rwanda, Sierra-leone, Liberia et récemment au Sahel témoigne de la gravité de ces actes. C’est ainsi, qu’une mobilisation à l’échelle internationale a conduit à l’adoption d’une résolution par le Conseil de Sécurité de l’ONU ( résolution 1820 de 2008). Cette résolution a non seulement exigé de « Toutes les parties à des conflits armés qu’elles mettent immédiatement et totalement fin à tous actes de violence sexuelle contre des civils ; et a exigé aussi de toutes les parties à des conflits armés qu’elles prennent immédiatement les mesures voulues pour protéger les civils, notamment les femmes et les filles, contre toutes formes de violence sexuelle, notamment en imposant les sanctions disciplinaires militaires appropriées et en observant le principe de la responsabilité du supérieur hiérarchique…». Mais, elle fait observer aux Etats que ces actes peuvent constituer un crime de guerre, un crime contre l’humanité ou un élément constitutif de crime de génocide. Et souligne qu’il est nécessaire d’exclure les crimes de violence sexuelle du bénéfice des mesures d’amnistie prises dans le cadre de processus de règlement de conflits. Autrement dit, une injonction faite aux Etats parties que les auteurs de ces actes ne peuvent être disculpés de crimes commis, l’obligation de protéger les femmes victimes et de rendre justice.

La condamnation de Dominic Ongwen par la CPI (Cour Pénale Internationale) coupable de 61 crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis dans le Nord de l’Ouganda entre juillet 2002 et décembre 2005 en sa qualité de chef de la Brigade Sinia du LRA (Armée de Résistance du Seigneur). D’où la Cour a retenu parmi les crimes, les crimes sexuels et à caractère sexiste, à savoir : le mariage forcé, la torture, le viol, l’esclavage sexuel, la réduction à l’esclavage, la grossesse forcée et l’atteinte à la dignité de la personne qu’il a commis contre sept (7) femmes.

Cependant, cette condamnation peut être insignifiante au regard du nombre des femmes victimes de violence de tout genre. Mais elle marque un tournant décisif dans la poursuite des auteurs de ces actes, puisqu’elle constituerait une jurisprudence en la matière.

ABDELSALAM YOUNOUS MOUTAH Politologue et consultant au CEDPE.