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Constitution, corruption et confusion : le Tchad à la croisée des chemins

Jeudi 9 Octobre 2025

le Tchad — l’un des pays les plus riches en ressources minières et pétrolières — demeure l’un des plus corrompus au monde. En trois ans, les revenus générés par ces ressources ont atteint près de 27 000 milliards de FCFA (soit 45 milliards de dollars), selon les chiffres officiels.


Aujourd’hui, la modification de la Constitution ne suscite aucun intérêt réel auprès de la population tchadienne — surtout pas chez la majorité qui vit sous le seuil de pauvreté. Il peut instaurer un empire ou un royaume. Les citoyens ont compris que la durée d’un mandat présidentiel importe peu si elle ne s’accompagne ni de justice, ni de développement, ni d’amélioration concrète du quotidien.
L’homme de la rue ne réclame pas des discours sur la démocratie, souvent perçue comme une chanson occidentale désuète que même les pays occidentaux peinent à respecter. Ce qu’il attend, c’est un État qui garantit l’équité, relance l’économie et remplit le panier alimentaire. Les exemples des pays du Golfe ou du Rwanda illustrent bien cette réalité : la popularité des dirigeants repose sur leur capacité à transformer les conditions de vie, pas sur leur rhétorique politique.
Et pourtant, le Tchad — l’un des pays les plus riches en ressources minières et pétrolières — demeure l’un des plus corrompus au monde. En trois ans, les revenus générés par ces ressources ont atteint près de 27 000 milliards de FCFA (soit 45 milliards de dollars), selon les chiffres officiels. Mais où sont passés ces fonds ?
En 2022, pour justifier la création de la société minière Sonemic[[1]]url:#_ftn1 , légalisant le pillage de l’or, le président a lui-même reconnu que 57 milliards de FCFA d’or quittent chaque semaine le pays en direction de la Libye. Et récemment, le ministre des Finances a admis que 2 000 milliards de FCFA d’or ont été exportés vers les Émirats arabes unis. Ces chiffres vertigineux contrastent avec l’état de délabrement de la capitale : caniveaux vétustes, accès limité à l’électricité, routes impraticables. Les budgets alloués aux ministères ne sont que des lignes sur papier.
À cette faillite économique s’ajoute une instabilité chronique : conflits armés, insécurité généralisée, et une dérive autoritaire de plus en plus manifeste. Les signes sont là :
Assassinat de Yaya Dillo
Arrestation de Succès Masra
Déchéance de nationalité de Makaila Nguebla et Charfadine Galmaye
Manipulation constitutionnelle pour prolonger le pouvoir
Création de tensions comme celle de Miski pour détourner l’attention populaire
Tous les ingrédients d’un régime dictatorial sont réunis.
Et l’histoire nous enseigne que ceux qui ont tenté de s’éterniser au pouvoir par la force ont toujours mal fini.
Dr. Ahmat Yacoub Dabio
 

[[1]]url:#_ftnref1 La société minière au Tchad