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Siège : N'Djamena, Tchad
E-mail : yacoubahmat@aol.com
Ensemble contre les conflits et pour la paix

Créer les conditions pour une jeunesse africaine qui choisit de travailler en Afrique

Vendredi 28 Novembre 2025

Les mobilités internationales de travail, particulièrement des jeunes Africains, sont souvent perçues comme une solution à la crise économique et sociale sur le continent. Pourtant, les expériences de nombreux expatriés montrent une réalité plus nuancée : la vie en Occident, malgré ses opportunités, peut vite devenir un piège de charges financières, de solitude sociale et de précarité. Les États africains doivent donc créer les conditions d’un retour, d’une stabilisation et d’un investissement des compétences sur le continent.


On doit tout faire pour créer toutes les conditions pour une jeunesse africaine qui choisit de travailler en Afrique
L’histoire de ce professeur africain, ancien enseignant dans une université britannique, est éloquente. Après plusieurs années passées en Angleterre, il a pris la décision de rentrer dans son pays, pensant y retrouver une vie plus stable. Malgré un salaire confortable en Angleterre de 4 500 livres sterling par mois, il « tirait le diable par la queue », écrasé par les taxes, les assurances, les factures et le coût exorbitant de la vie quotidienne en Europe.
À la fin de chaque mois, selon son propre témoignage, il se retrouvait à moins 50 livres sterling sur son compte bancaire. Un paradoxe frappant : gagner beaucoup, mais vivre moins bien.
Une réalité largement documentée
De nombreux experts confirment ce phénomène.
Selon le sociologue sénégalais Abdoulaye Niang, spécialiste des migrations :
« L'Europe n’est pas un eldorado économique pour ceux qui y arrivent tard, sans réseau, ou avec des responsabilités familiales au pays. Le salaire brut peut être élevé, mais le net réellement disponible est souvent dérisoire. »
De son côté, l’économiste Dr. Lydie M’Boko, consultante ONU, rappelle :
« Une partie importante des migrants africains vivent en dessous du seuil de stabilité financière. Le coût de la vie en Europe annule l’avantage salarial, créant une illusion de réussite. »
La Banque mondiale souligne également que plus de 42 % des travailleurs immigrés en Europe occupent des emplois sous-qualifiés au regard de leur formation, un gaspillage massif de talents africains.

 
L'union africaine doit agir maintenant
Si de nombreux jeunes Africains persistent à vouloir tenter leur chance ailleurs, ce n’est pas par rejet de leur continent, mais parce que les régimes politiques ne leur offrent pas les bases élémentaires d’un avenir stable. Dans les Etats à démocratie fragile comme le Tchad, la Centrafrique pour n'en citer que ces pays, rien n'encourage la jeunesse d'y vivre avec dignité. Tous les éléments sont réunis pour pousser les jeunes à quitter: instabilité politique, insécurité, injustice, chômage, violations des droits de l'Homme, interdiction de manifester, liberté d'expression bafouée, délestage d'électricité, pénurie d'eau et de carburant,  cherté de la vie, clanisme, tribalisme, corruption etc. 
Comme le rappelle le politologue camerounais Francis Noko :
« Le premier moteur de la migration africaine n’est pas la pauvreté, mais l’absence de perspectives. Le jour où un jeune aura plus de valeur sociale chez lui qu’à l’étranger, la migration se renversera naturellement ».

L'Union africaine doit inciter les Etats africains à démocratie fragile de construire une alternative africaine crédible pour réduire l’exode massif de la jeunesse. Il faut alors investir dans les quatre choses suivantes :
1. La paix et la sécurité, car aucun développement n’est possible lorsque les régions entières sont en proie à la violence ou aux conflits intercommunautaires.
2. La justice et la gouvernance responsable, car les institutions fortes attirent les investissements, fixent les talents et restaurent la confiance collective.
3. L’économie productive et les emplois décents. L'industrie, l'agriculture modernisée, le numérique et les services doivent devenir les moteurs de l’emploi continental.
4. Le respect des valeurs démocratiques: Liberté d’expression, alternance pacifique, participation citoyenne. 

Conclusion 
En tant qu’institution engagée dans la recherche, l’analyse et la prévention de conflits dont l’extrémisme, le CEDPE rappelle que la migration non régulée, la frustration sociale et le décrochage économique constituent des facteurs de vulnérabilité majeurs pour les sociétés africaines.
La meilleure stratégie pour retenir les talents et renforcer la résilience des États consiste à :
consolider la paix, garantir la justice, promouvoir un environnement politique inclusif, offrir à la jeunesse des perspectives économiques réelles.
Le continent africain dispose des ressources humaines nécessaires à son essor. Encore faut-il lui offrir les conditions pour que sa jeunesse choisisse de construire son avenir chez elle, plutôt que de le chercher ailleurs.


Enfin, le CEDPE lance un appel aux autorités d’immigration, en Occident et au-delà, afin qu’elles portent une attention particulière aux jeunes qui, arrachés à leur foyer et obligés de tout laisser derrière eux, cherchent désespérément un refuge. Leur détresse exige une réponse humaine et solidaire. 

 
Dr. Ahmat Yacoub Dabio - Expert en gestion de crises complexes et interdépendantes - Président du Centre d'Etudes pour le Développement et la Prévention de l'Extrémisme (CEDPE) - Président de Liberté Sans Frontière (LSF) - Point Focal du Réseau des organisations de la société civile du Bassin du Lac Tchad/ Tchad - Membre de l'Association Internationale des sociologues de langue française (AISLF) Ancien Conseiller chargé de Mission du Médiateur de la République Tel/Watsup: 00250796518396 00 235 99860817 standard: 0023592335316 www.centrerecherche.com