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Le FMI valide les inquiétudes sur la transparence des exportations d’or au Tchad

Mardi 14 Octobre 2025

#Tchad -Exclusif – Sous la pression du Fond Monétaire International ( FMI), Le régime cède : les recettes minières seront enfin inscrites au budget – une première victoire pour TchadOne


Deux ans après les premières révélations de TchadOne sur le pillage organisé du secteur minier, les trafics d’or et les circuits opaques de la SONEMIC, le Fonds monétaire international vient de confirmer, dans un rapport que nous avons obtenu et analysé, l’ampleur du scandale : plus de trois milliards de dollars d’exportations d’or non déclarées n’ont jamais été enregistrés dans les comptes publics du Tchad. Autrement dit, environ 1 500 milliards de francs CFA se sont volatilisés dans la nature, échappant totalement au contrôle de l’État.
Le FMI reconnaît pour la première fois que « les activités minières, notamment aurifères, ne sont pas intégrées aux chiffres officiels de la balance des paiements » et que « la production artisanale d’or échappe à tout enregistrement ». Ces mots, lourds de sens, sonnent comme un constat d’échec cinglant pour un régime qui, depuis des années, nie l’évidence. Derrière les slogans de “diversification de l’économie”, c’est un véritable système de captation et de dissimulation qui s’est mis en place : des tonnes d’or extraites à Aouzou, au Batha, à Miski ou à Kouri Bougoudi quittent le territoire chaque année vers Dubaï, Misrta ou Guangzhou sans jamais passer par le Trésor.
Le rapport du FMI confirme également ce que TchadOne avait révélé dès 2023 : les exportations d’or vers les Émirats arabes unis ont atteint 1,1 milliard de dollars en 2023, soit près de 6,8 tonnes d’or, tandis que la production artisanale avoisinait cinq tonnes en 2024, représentant environ 10 % des exportations totales du pays. Ces chiffres, établis à partir des “statistiques miroirs” des partenaires commerciaux du Tchad, recoupent exactement les données compilées par nos équipes sur le terrain, confirmant la fraude systémique orchestrée sous couvert de “réformes minières”. Pendant que le FMI découvre les chiffres, les généraux et leurs proches s’enrichissent à travers des sociétés-écrans, et la SONEMIC continue d’opérer comme une boîte noire, sans audit, sans contrôle, sans reddition de comptes.
Sous la pression du FMI, le gouvernement tchadien n’a eu d’autre choix que de céder : pour la première fois, les autorités se sont engagées à inscrire les recettes minières dans le budget de l’État à partir de 2026. Ce n’est pas une réforme voulue, c’est une réforme imposée. L’institution de Washington a inscrit cette exigence parmi les “repères structurels” de la nouvelle Facilité élargie de crédit (FEC) signée en juillet 2025. Le document révèle d’ailleurs que les discussions ont été tendues : le FMI s’est montré particulièrement préoccupé par “l’absence de traçabilité des revenus miniers” et par “le manque de transparence sur les exportations aurifères”, pointant du doigt un gouffre entre la réalité économique et les données officielles.
Mais au-delà de cet aveu, rien ne garantit que cette décision changera quoi que ce soit. Inscrire les recettes minières dans un budget national déjà miné par la corruption ne suffit pas à restaurer la justice fiscale ni la confiance. Car au Tchad, les fonds publics disparaissent avant même d’être budgétisés. Le FMI peut exiger, contrôler, recommander ; le système, lui, a perfectionné l’art de détourner sans laisser de trace. Ce pays ne manque pas de richesses, il manque de volonté politique et de transparence.
Ce que révèle ce document, c’est l’échec d’un modèle : celui d’un État capturé par un réseau politico-militaire qui transforme l’or du peuple en patrimoine privé. Et si le FMI en arrive aujourd’hui aux mêmes conclusions que TchadOne, c’est parce que la vérité, obstinée, finit toujours par remonter à la surface.
Reste que tout cela ne suffit pas. Tant que les Tchadiens ne se lèveront pas pour exiger justice, bonne gouvernance et contrôle populaire des richesses nationales, le pays continuera de s’enfoncer dans cette spirale de prédation. Même au Trésor, rien ne garantit que l’argent de l’or servira à construire des hôpitaux, des écoles ou des routes. Tant que les voleurs écrivent les lois, le peuple restera spectateur de son propre pillage.
Correspondance particulière TchadOne à N’Djamena

Source TchadOne avec modification du titre