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Ensemble contre les conflits et pour la paix

Soudan, le retour en scène de Moussa Hilal

Dimanche 21 Septembre 2025

La montée en puissance de Hilal pourrait soit accélérer l’affaiblissement des FSR, en détournant une partie de leurs soutiens tribaux, soit ouvrir un nouveau front de rivalités internes, prolongeant la guerre et compliquant toute médiation.


Ancien chef de milices arabes (notamment les Janjawid), Moussa Hilal a longtemps été marginalisé par le général Hemetti, son ancien protégé devenu chef des Forces de Soutien Rapide (FSR). Son retrait à Mastoura, puis son rapprochement avec l’armée soudanaise, marque une reconfiguration des alliances tribales et militaires dans le Darfour. Pour une partie de la communauté arabe, Hilal apparaît comme une figure de recours face à l’effondrement militaire des FSR et aux risques de représailles. Le conflit entre Hemetti et l’armée n’est pas seulement militaire : il fracture les communautés arabes et non-arabes du Darfour. L’allégeance de Hilal à l’armée soudanaise pourrait accentuer ces divisions, en opposant les tribus arabes elles-mêmes (pro-Hemetti vs pro-Hilal). Cela risque d’alimenter une spirale de violences intercommunautaires, déjà aggravée par les déplacements massifs de populations et les violations des droits humains. En intégrant Hilal et ses partisans, l’armée cherche à affaiblir les FSR de l’intérieur, en exploitant les rivalités personnelles et tribales. Mais cette stratégie comporte un risque : redonner une légitimité politique et militaire à Hilal, dont le passé reste marqué par des accusations de crimes de guerre.
L’armée joue donc une carte à double tranchant : renforcer son front militaire immédiat, mais au prix d’une fragilisation future de la réconciliation nationale.

Le rôle des soutiens extérieurs
Les FSR continuent de bénéficier d’un approvisionnement extérieur en armes et munitions, ce qui rend improbable une reddition rapide. L’armée, de son côté, cherche à capitaliser sur certain appui régional et sur des alliances locales comme celle de Hilal. Cette internationalisation du conflit rend toute solution négociée plus complexe, car chaque camp se sent soutenu et refuse de céder.
En effet, les conditions actuelles ne laissent entrevoir aucune issue pacifique à court terme. Les perspectives de sortie de crise sont très faibles car l’armée exige le désarmement préalable des FSR alors que ces dernières fortes de leurs soutiens extérieurs, refusent cette option.
La montée en puissance de Hilal pourrait soit accélérer l’affaiblissement des FSR, en détournant une partie de leurs soutiens tribaux, soit ouvrir un nouveau front de rivalités internes, prolongeant la guerre et compliquant toute médiation.
En conclusion, la réapparition de Moussa Hilal illustre la fluidité des alliances au Soudan et la centralité du Darfour dans ce conflit. Si son ralliement à l’armée peut sembler renforcer cette dernière, il risque aussi de réactiver de vieilles fractures communautaires et de compromettre les perspectives de réconciliation.
En l’état, la logique militaire l’emporte sur la logique politique, et le Soudan s’enfonce dans une guerre où chaque acteur cherche à survivre par la force, au détriment d’une paix inclusive.


Lire : Au Soudan, des discussions entre le leader Moussa Hilal et les forces coalisées https://urls.fr/J-9VXt

image source: Moussa Hilal - Recherche Images