Le formulaire de collecte de preuves mis en ligne par la Cour pénale internationale (CPI) est désormais opérationnel. À peine activé, il a été submergé par des milliers de soumissions : images, vidéos, témoignages écrits, réactions de partisans, et même des messages d’apologie de massacres. Un tel afflux, en l’espace de quelques heures, constitue un événement sans précédent dans l’histoire de la CPI, révélant l’ampleur des atrocités perpétrées par les Forces de soutien rapide (FSR) dans la région du Darfour, et plus particulièrement dans la ville d’El-Fasher et ses environs.
Le Bureau du Procureur invite toutes les personnes et organisations œuvrant pour la justice internationale et l’établissement des responsabilités à soumettre toute information ou élément de preuve via la plateforme sécurisée OTP Link : 🔗 https://otplink.icc-cpi.int/
Responsabilités et commandement : au-delà du terrain
La responsabilité des crimes ne se limite pas au commandant Al Loulou, qui a reconnu avoir exécuté plus de 2 000 personnes, parmi lesquelles des soldats, des civils, des femmes, des enfants et des personnes âgées. S’il ne nie pas ses actes, la CPI cherche à identifier les commanditaires et à établir la chaîne de commandement ayant conduit à ces atrocités.
Une vidéo en cours d’authentification montre le général Abderrahim Dagalo, vice-président des FSR, ordonnant à ses troupes de ne ramener aucun prisonnier vivant. Cette déclaration aurait été faite peu avant l’offensive des FSR contre El-Fasher, capitale du Darfour, reprise par les milices après le retrait de l’armée soudanaise.
Réactions et pressions sociales
L’activation du formulaire de la CPI a provoqué un effet de panique parmi certains partisans ou membres des FSR. Plusieurs extrémistes ayant publiquement soutenu les atrocités ou menacé de mort sur les réseaux sociaux ont supprimé leurs messages, craignant des poursuites judiciaires.
Lors d’une conférence de presse à Ankara, l’ambassadeur du Soudan en Turquie a révélé que près de 200 000 civils sont totalement assiégés à El-Fasher. Il a dénoncé plus de 107 massacres commis en quelques jours, causant plus de 2 000 morts, dont des femmes, enfants et malades. Il a également évoqué le massacre survenu à l’hôpital saoudien, où plus de 360 personnes, parmi les patients et le personnel médical, ont été tuées.
De la révolution à la radicalisation
Présentée en avril 2023 comme une révolution des marginalisés, l’action des FSR avait suscité une sympathie populaire. Cependant, cette image s’est effondrée face aux atrocités commises contre les civils. Les éléments extrémistes du mouvement profèrent désormais des menaces de mort à l’encontre de toute personne exprimant des critiques, notamment sur les réseaux sociaux.
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