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En France, une professeure suspendue pour une minute de silence en soutien à Gaza

Samedi 24 Mai 2025

By Michael
Mai 23, 2025


Le 26 mars 2025, dans une salle de classe du lycée Janot-Curie de Sens, une professeure de physique-chimie a observé une minute de silence en hommage aux victimes civiles de Gaza. Un geste simple, humain, silencieux. Cinq jours plus tard, elle était suspendue. Ce mercredi 21 mai, le rectorat de Dijon confirme : l’enseignante est écartée de son poste à titre conservatoire, pour avoir, selon leurs termes, manqué à “son obligation de neutralité”.

Depuis, les soutiens se multiplient. Trois syndicats enseignants – SUD Éducation, la CGT, la FNEC FP FO – ainsi que le parti politique La France Insoumise dénoncent unanimement une décision injuste, brutale, voire politique. Leur ligne est claire : il ne s’agit pas d’une rupture de la neutralité, mais d’un acte d’humanité, dans un contexte international où des milliers de civils palestiniens, dont de nombreux enfants, sont tués quotidiennement sous les bombes.

Une émotion partagée, un silence puni

D’après les syndicats, la minute de silence n’était même pas initiée par l’enseignante, mais par des élèves, bouleversés par les images et les chiffres accablants venant de Gaza. Dans une société qui promeut l’écoute, la compassion et l’esprit critique, une professeure a répondu à la souffrance de ses élèves en les accompagnant dans un moment de recueillement. Un geste pédagogique autant qu’humain.

Mais l’Éducation nationale a vu autre chose : une “prise de position”. Et a aussitôt enclenché une procédure disciplinaire. L’enseignante a été convoquée, entendue, mais aucune date de réintégration n’est annoncée. L’affaire est désormais entre les mains de la direction des ressources humaines du rectorat.

Neutralité sélective ?

Ce nouvel épisode interroge profondément sur la notion de neutralité. Car cette neutralité semble de plus en plus utilisée comme une arme à sens unique. À l’heure où des établissements peuvent organiser des minutes de silence officielles pour certains conflits ou attentats, où les discours de soutien à certaines victimes sont encouragés, pourquoi Gaza ferait-elle exception ? La vie des enfants de Gaza vaut-elle moins que celle d’autres enfants ? Est-il désormais interdit de pleurer publiquement des morts lorsqu’ils sont Palestiniens ?

Plus encore, cette affaire révèle une tendance préoccupante : l’institution ne sanctionne plus des fautes professionnelles, mais des émotions mal orientées. Elle ne punit pas une rupture du cadre, mais un ressenti politique jugé dérangeant. Dans le climat actuel, parler de Gaza, ou même simplement se recueillir pour ses morts, devient un acte suspect.

Une parole confisquée

Dans une France qui se targue d’être le pays des droits de l’homme, on suspend une professeure pour avoir accompagné ses élèves dans un moment d’humanité. Ce n’est pas seulement une sanction individuelle. C’est un signal. Celui d’un glissement inquiétant vers une République de l’unique émotion autorisée, une République où la neutralité n’est plus l’équilibre, mais le bâillon.

Les syndicats et la France Insoumise demandent la réintégration immédiate de l’enseignante. Mais au-delà du cas individuel, cette affaire nous oblige à poser une question fondamentale : peut-on encore être humain, en France, quand les victimes sont palestiniennes ?

Quand l’hommage devient faute : suspension d’une professeure pour une minute de silence en soutien à Gaza