Une contagion politique qui s’accélère
Depuis 2020, la région ouest-africaine est frappée par une série de coups d’État : Mali, Burkina Faso, Niger, Guinée… Autant de pays où les militaires ont pris le pouvoir en invoquant la lutte contre l’insécurité, la corruption ou l’échec des institutions démocratiques. Le Bénin, longtemps considéré comme un bastion de stabilité, entre désormais dans cette spirale. La tentative de renversement du président Patrice Talon marque une rupture symbolique : l’épidémie de putschs ne se limite plus au Sahel, elle gagne les États côtiers.
Le calcul stratégique de l’AES
L’Alliance des États du Sahel (AES), regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger, s’est imposée comme un bloc militaire et politique contestant l’influence occidentale et les mécanismes de sanction régionaux. Un succès au Bénin renforcerait leur narratif : celui d’une « restauration souverainiste » face aux ingérences extérieures. L’AES pourrait y voir une opportunité d’élargir son influence vers le littoral, en consolidant un axe militaire et diplomatique qui fragiliserait davantage la CEDEAO et l’Union africaine.
Le Tchad, spectateur inquiet et vulnérable
Le Tchad, déjà plongé dans une crise sociopolitique majeure, suit de près l’évolution au Bénin. Son armée, pilier du régime, est confrontée à des tensions internes et à une population fragilisée par la hausse des prix et les pénuries. Un putsch réussi au Bénin pourrait servir de catalyseur : certains au sein de l’armée tchadienne pourraient être tentés d’imiter ce modèle, tandis que la rue, déjà en colère, verrait dans l’exemple béninois une voie de contestation radicale. Le risque d’un effet miroir est réel.
Les conséquences pour la région
La réussite du coup d’État au Bénin ouvrirait une nouvelle brèche dans la stabilité régionale.
Isolement diplomatique. La CEDEAO et l’Union africaine seraient contraintes de réagir, mais leur crédibilité est déjà affaiblie par l’échec des sanctions contre les régimes militaires du Sahel.
Au-delà du Bénin, des pays fragiles comme le Tchad pourraient basculer, accentuant la fragmentation politique du continent.
Une Afrique en recomposition
L’épidémie de coups d’État traduit une recomposition profonde des équilibres africains. Les régimes militaires, loin d’être des exceptions, deviennent des acteurs centraux dans la définition des nouvelles alliances régionales. Si le Bénin venait à rejoindre ce camp, l’Afrique de l’Ouest entrerait dans une nouvelle ère : celle où la légitimité des urnes cède le pas à celle des armes, avec des conséquences incalculables pour les populations et pour la stabilité du continent.
Dr. Ahmat Yacoub Dabio
Expert en gestion de crises complexes et interdépendantes Président du Centre d'Etudes pour le Développement et la Prévention de l'Extrémisme (CEDPE)
Président de Liberté Sans Frontière (LSF) -
Point Focal du Réseau des organisations de la société civile du Bassin du Lac Tchad/ Tchad
Membre de l'Association Internationale des sociologues de langue française (AISLF)
Ancien Conseiller chargé de Mission du Médiateur de la République
Tel/Watsup: 00250796518396
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Le Tchad, spectateur inquiet et vulnérable
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Isolement diplomatique. La CEDEAO et l’Union africaine seraient contraintes de réagir, mais leur crédibilité est déjà affaiblie par l’échec des sanctions contre les régimes militaires du Sahel.
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Une Afrique en recomposition
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Dr. Ahmat Yacoub Dabio
Expert en gestion de crises complexes et interdépendantes Président du Centre d'Etudes pour le Développement et la Prévention de l'Extrémisme (CEDPE)
Président de Liberté Sans Frontière (LSF) -
Point Focal du Réseau des organisations de la société civile du Bassin du Lac Tchad/ Tchad
Membre de l'Association Internationale des sociologues de langue française (AISLF)
Ancien Conseiller chargé de Mission du Médiateur de la République
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