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Mot du Président du CEDPE à l'occasion de la journée sur le nexus climat, RAdisson Blu hôtel

Jeudi 16 Novembre 2023

« Toute personne a droit à un environnement sain (…) la protection de l’environnement est un devoir pour tous ».


                  N’Djamena, Radisson, le 16 novembre 2023

« Mesdames et Messieurs, en vos qualités, titres et grades respectifs, tout protocole respecté »,
D’abord, vous dire le très grand plaisir et le très grand honneur que je ressens de votre présence, ministres éminents du gouvernement, hautes personnalités et responsables des différentes structures pour venir ici assister à cet événement  qui évoque l’avenir de notre planète.
Aujourd’hui, le Centre d’Etudes pour le Développement et la Prévention de l’Extrémisme (CEDPE) en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie organise cette importante journée d’échange et de réflexion sur le résultat d’une étude effectuée par les experts en environnement. Cette étude sur le Nexus climat-sécurité-environnement concerne trois pays de l’Afrique centrale. Il s’agit du Tchad, du Cameroun et de la RCA.  Par ailleurs, je tiens à saluer les experts et les enquêteurs qui ont accompli ce travail précieux après avoir travaillé pendant cinq mois dans des conditions pas faciles auxquelles ils ont su s'adapter. L’objectif de la présentation de ce rapport que nous estimons provisoire est d’engager et d’approfondir une réflexion aux fins de le consolider, en croisant les regards avec les différentes parties intéressées nationales et internationales. En tant expert en gestion de conflits et dirigeant d’un centre dont la spécialité est la prévention et la gestion des conflits, je me suis posé au tout début de ce projet s’il existe vraiment un lien entre le changement climatique et la sécurité ? Et c’est en travaillant sur ce projet et après avoir lu et relu le rapport des experts que j’ai découvert non sans surprise que non seulement il existe bel et bien un lien mais la dégradation de l’environnement et le changement climatique, sont à l’origine des conflits.
La plupart des études scientifiques s’accordent à dire que le changement climatique représente « un multiplicateur de menaces ou de risques ». La dégradation de l’environnement contribue à l’émergence des tensions sociales et politiques.
La sécurité et le changement climatique sont étroitement liés car le changement climatique a des implications majeures sur la sécurité mondiale[1]. Les effets du changement climatique, tels que les inondations, les sécheresses prolongées, les tempêtes plus fréquentes et les migrations forcées, peuvent entraîner des conflits, des tensions sociales et des crises humanitaires.
En outre, en partie à cause du changement climatique, les couloirs de transhumance traditionnels ne sont plus respectés, souvent, en violation des accords existants[2].
 
Les relations entre les sociétés d’agriculteurs et d’éleveurs, précédemment marquées par un certain équilibre reposant sur la complémentarité sont devenues désormais conflictuelles et concurrentielles dans la gestion des ressources naturelles et de l’espace.
Depuis une décennie, les conflits entre les deux groupes sociaux se multiplient, dégénérant parfois en affrontements sanglants et meurtriers.
Depuis la fin des années 1980, les trois pays ont signé et ratifié un bon nombre de traités et accords internationaux relatifs aux questions environnementales en générale et aux changements climatiques en particulier.
Le Cameroun, la RCA et le Tchad ont tous signé des accords internationaux et régionaux pour protéger l'environnement, en tenant compte de leur vulnérabilité face aux changements climatiques. Ils ont fermement décidé de s'engager dans la lutte contre les changements climatiques. Le Cameroun prévoit de diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 32%. Quant au Tchad, il s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 19,3% en 2030.
Vu l’importance de la thématique, les Constitutions nationales ont intégré « presque systématiquement une ou plusieurs références à la protection de l’environnement sain, aux objectifs environnementaux ou climatiques, aux compétences climatiques ou au droit de l’environnement »[3].
Désormais les constitutions garantissent aux citoyens le droit à un environnement sain dans le corpus constitutionnel proprement dit. « la République garantit à chaque citoyen (…), le droit à un environnement sain »[4].
Au Tchad, le premier texte qui témoigne de l’importance que le pays accorde à la protection de l’environnement est la Constitution du 4 mai 2018. Celle – ci reconnait au niveau des articles 51, 52 et 57 la valeur de l’environnement au  Tchad (…) L’article 52 ajoute que « l’Etat et les collectivités décentralisées doivent veiller à la protection de l’environnement ». On trouve aussi à l’article 57 « la protection de l’environnement est un devoir pour tous (…), tout dommage causé à l’environnement doit faire l’objet d’une juste réparation ». C’est ainsi qu’ils ont légiféré aux fins de réglementer le comportement des citoyens, qui ont des « droits », mais aussi « le devoir de défendre ». 
Le Cameroun, la RCA et le Tchad sont classés parmi les pays les moins avancés (PMA), qui ne disposent pas d’assez de moyens financiers pour atteindre les objectifs d’atténuation des émissions des GES et d’adaptation aux changements climatiques, ni les moyens techniques et technologiques nécessaires pour contrer le phénomène.
Les pays industrialisés de la CCNUCC, ont pour obligation de soutenir les pays en développement dans le processus d’application des textes internationaux de lutte contre les changements. Cette assistance devrait passer par le transfert de technologie. Les pays comme le Cameroun, la RCA et le Tchad n’ont pas les moyens nécessaires pour en acquérir.
Nous remercions nos partenaires l’OIF, le Conseil économique…et bien d’autres qui se sont mobilisés pour soutenir cette étude et je saisis cette occasion pour lancer un appel à toutes les structures intéressées par la prochaine étude de se joindre à nous pour former un consortium placé sous les auspices du Conseil Economique, Social, Culturel et Environnemental, dont l’institution a le patronage de cet événement.
Pour le lancement de ce consortium, une 1ère réunion de concertation aura lieu au siège du CEDPE le vendredi 24 novembre de 8H à 9H30.
« Toute personne a droit à un environnement sain (…) la protection de l’environnement est un devoir pour tous ».
Je vous remercie
 

[1] Etude sur le nexus climat-sécurité-environnement dans trois pays de l’Afrique centrale- Contributions pour le Tchad
[2] Les mouvements de transhumance sont traditionnellement très prévisibles. En fonction des saisons, les éleveurs empruntent des sentiers et des pâturages sur lesquels toutes les parties prenantes se sont mises d'accord.
[3] PETEL Mathias, « Analyse de l’usage stratégique des droits de l’homme au sein du contentieux climatique », MPIL Researche Paper, Série n°20, 2020, p.3.
[4] JORCA/ES N°03.