Je tiens tout d’abord à saluer avec respect et dignité la fermeté de votre décision, prise dans un esprit de souveraineté et de réciprocité.
Cependant, cette crise avec les États-Unis nous interpelle aussi sur les limites de notre diplomatie actuelle. Le décret américain a laissé 90 jours aux pays concernés pour corriger les failles reprochées. Durant ce délai, certains États ont su mobiliser diplomates, experts et décideurs pour sortir de cette liste. Malheureusement, le Tchad n’a pas su utiliser ce temps pour défendre sa position avec efficacité.
Nous, ressortissants tchadiens vivant aux États-Unis, avons constaté l’inexistence d’un véritable plaidoyer diplomatique à Washington. Il est temps d’admettre que notre représentation est trop passive, incapable de faire entendre la voix du Tchad dans les cercles stratégiques de décision.
Ce décret, s’il n’est pas annulé, risque de porter atteinte à l’image du Tchad à l’international. Il ne s’agit pas seulement d’un différend entre gouvernements. Il s’agit aussi de la perception que les investisseurs, partenaires et institutions auront d’un pays présenté comme fragile sur le plan sécuritaire. Et dans un monde globalisé, la réputation d’un pays est une monnaie aussi précieuse que l’or.
Excellence, regardons aussi nos frères des pays de l’AES. Certains parmi eux sont aujourd’hui absents de cette liste noire non pas parce qu’ils sont plus riches ou plus puissants, mais parce qu’ils ont pris leur diplomatie au sérieux. Ils ont envoyé des représentants aguerris, compétents, capables de dialoguer, défendre et négocier pour leurs nations. Pourquoi pas le Tchad ?
Je me permets respectueusement de proposer que le gouvernement engage une réforme de notre diplomatie, notamment en :
• Revalorisant l’ambassade du Tchad à Washington DC en y nommant un diplomate d’expérience, reconnu, proche du peuple et de ses réalités.
• Instaurant une cellule stratégique d’influence diplomatique chargée de défendre les intérêts du Tchad auprès du Congrès, et des agences fédérales américaines.
• Renforçant la présence et l’écoute des ressortissants tchadiens vivant aux États-Unis, qui peuvent être de puissants relais pour la nation.
Monsieur le Président, vous avez pris une position qui honore notre pays. Maintenant, allons plus loin. Renforçons nos institutions diplomatiques pour que le Tchad soit respecté non pas par la colère, mais par la compétence.
Avec tout mon respect et mon profond attachement à la République.
#MAHAMATIDRISSDEBYITNO
Ahmat Mahamat Fadoul