Situation militaire au Soudan, aujourd’hui

Lundi 1 Décembre 2025

Le conflit soudanais s’est profondément recomposé avec des nouveaux acteurs, de nouvelles alliances et les agendas ont changé en quelques mois seulement


Aujourd’hui, les combats au Soudan demeurent violents entre l’armée régulière (SAF) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), avec une situation humanitaire catastrophique dans plusieurs régions. Les affrontements se concentrent principalement au Kordofan et dans les confins du Darfour, provoquant un nouvel exode de civils.
Depuis 2023, la guerre a fait des dizaines de milliers de morts, sans compter ceux emportés par la famine et les épidémies. Ces derniers jours encore, des milliers de personnes ont fui Kordofan et El-Fasher, cherchant refuge dans les villes voisines.

Le pays fait face à une crise humanitaire sans précédent avec de millions de déplacés internes, afflux massif de réfugiés dans les pays frontaliers et risque élevé de famine dans les zones assiégées. Les deux camps sont accusés de graves violations des droits humains. Alors que l’armée est accusée d’utiliser de bombardements aériens faisant de morts dans les rangs de civils, les paramilitaires des FSR sont accusés des crimes contre des civils et de prisonniers de guerre, des violences sexuelles, suscitant l’alarme des organisations internationales.

Situation militaire
Après la chute d’El-Fasher, les FSR contrôlent plus de 95% du Darfour, et tentent désormais d’avancer vers des villes stratégiques comme Babnusa et El-Obeid. De son côté, l’armée soudanaise a repris plusieurs positions dans le Sud-Kordofan après de violents combats, signe d’un déplacement des lignes de front vers le Sud.
Évolutions régionales et internationales

Le conflit soudanais s’est profondément recomposé avec des nouveaux acteurs, de nouvelles alliances et les agendas ont changé en quelques mois seulement.
L’Égypte aurait attiré l’attention de son allié Khalifa Haftar contre une implication trop visible dans la crise, révélant la crainte d’une extension régionale. La Turquie, scandalisée par les massacres d’El-Fasher, aurait repris le contrôle de l’espace aérien soudanais, un tournant stratégique marquant son retour dans le dossier.
Les Emirats aurait convaincu Israël que le régime militaire de Khartoum est islamiste et pro irano-Hamas. C’est pourquoi, Israël a publiquement promis de faire tomber le régime d’Al-Burhane, qu’il considère comme aligné à Téhéran et favorable à la cause palestinienne, plaçant ainsi le conflit au cœur des rivalités du Moyen-Orient.
Les États-Unis réévaluent également leur position depuis l’entretien avec le prince saoudien Mohammed Ben Salman, la révélation du poids des richesses minières soudanaises et la crainte d’un basculement complet du pays dans l’axe russo-iranien.
Par ailleurs, l’acheminement des armes se fait désormais par le Sud-Soudan, et non plus par la Libye ou le Tchad, désormais étroitement surveillé. Ce changement d’itinéraire serait lié au détournement par le Tchad d’une partie de l’aide militaire émirati destinée aux FSR et en même temps à l’engagement pris par les Émirats auprès de l’Union européenne de cesser tout soutien aux FSR, à condition de ne pas être explicitement cités dans la condamnation des crimes commis par les FSR à El-Fasher.

Nouveaux rapports de force
Ce basculement logistique révèle une recomposition des soutiens militaires.
Enfin, une récente étude américaine indique que l’armée soudanaise compte moins de 200 islamistes, contre plus d’un millier au sein des FSR, remettant en cause certaines lectures simplistes du conflit. 
Quoi qu’il en soit, un consensus se dégage sur un point essentiel : dans cette guerre, il n’y aura pas de vainqueur. La seule voie possible pour les protagonistes reste la recherche d’une solution pacifique et négociée, afin de priver les extrémistes des deux camps du terreau sur lequel ils alimentent le conflit.

Dr. Ahmat Yacoub Dabio
- Expert en gestion de crises complexes et interdépendantes
- Président du Centre d'Etudes pour le Développement et la Prévention de l'Extrémisme (CEDPE)
- Président de Liberté Sans Frontière (LSF)
- Point Focal du Réseau des organisations de la société civile du Bassin du Lac Tchad/ Tchad
- Membre de l'Association Internationale des sociologues de langue française (AISLF)
Ancien Conseiller chargé de Mission du Médiateur de la République
Tel/Watsup: 00250796518396
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