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"il existe au Canada, des Tchadiens binationaux" A. Yacoub à Abba Gardi

Lundi 18 Juillet 2022

Je ne vois pas de mal lorsque des amis qui nous viennent en aide en cas des difficultés sécuritaires et financières nous rappellent à un sujet qui n’est pas un tabou. Il incombe simplement aux nouvelles autorités de rassurer de leurs véritables intentions en ce qui concerne le processus de réconciliation, la transition et les élections. Juste bien communiquer.


Interview de Ahmat Yacoub Dabio, Président du centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme (CEDPE), accordée au Journal Abba Gardi le 18 juillet 2022
 
1. Comment réagissez-vous, en tant que citoyen tchadien, à la déclaration du Sénateur démocrate américain ?
  • Dr. Ahmat Yacoub Dabio : J'ai l'impression que là-dessus tout a déjà été dit. Notre centre de recherche et d'analyse était au courant de l'approche du Sénateur dès la mi-mai. L'ambassadeur français s'est également exprimé à ce sujet, en présence des officiels tchadiens, à l'occasion de la fête du 14 juillet. Il est normal que les pays amis soient profondément préoccupés par la situation au Tchad à la suite du décès du Maréchal. Je ne vois pas de mal lorsque des amis qui nous viennent en aide en cas des difficultés sécuritaires et financières nous rappellent à un sujet qui n’est pas un tabou. Il incombe simplement aux nouvelles autorités de rassurer de leurs véritables intentions en ce qui concerne le processus de réconciliation, la transition et les élections. Juste bien communiquer. Même sur le pré-dialogue de Doha, on a très peu ou très mal communiqué, à tel point que les Tchadiens qui sont directement concernés par le processus de réconciliation se fient souvent aux ragots rapportés sur les réseaux sociaux.

2. Les mêmes qui ont soutenu le Conseil Militaire de Transition hier le condamnent curieusement aujourd'hui d'avoir opéré un coup d'État au Tchad. À quel jeu jouent-ils exactement ?
  • Dr. Ahmat Yacoub Dabio : Le CMT a été soutenu, après le décès du Maréchal, sur la base de sa promesse qu’il a faite à savoir le respect de la période de transition, d’entamer la réconciliation nationale et d’aller vers des élections libres et transparentes pour que le Tchad sorte de ce marasme qui a duré six décennies. Nous devions simplement rassurer la population et les partenaires avec lesquels le Tchad entretient des relations étroites, et il y en a plusieurs.
3. Dans le même temps, le Canada demande à ses ressortissants de quitter le pays. Quelle retombée peut-on s'attendre ?
  • Dr. Ahmat Yacoub Dabio : Il est important de comprendre que chez les blancs l’être humain est cher. Les autorités sont tenues responsables de toute perte en vies humaines. C'est dans cet esprit qu'afin de se protéger contre d'éventuelles procédures judiciaires, les autorités compétentes se protègent en publiant des alertes préventives signalées en jaune ou en rouge. Ces alertes s'appuient sur les rapports des structures d'étude et d'analyse. À ne pas minimiser aussi le fait qu’il existe au Canada, des Tchadiens binationaux et qui commencent à prendre de l’importance dans les analyses de la situation au Tchad en tant citoyens canadiens qui connaissent très bien ce qui se passe au pays. Et d'ailleurs, tout ce que dit l'homme blanc ne peut pas nécessairement être vrai !
 
Avez-vous des propositions à faire pour une sortie idoine ?
  • Dr. Ahmat Yacoub Dabio : Je rappelle que notre Centre d’études est expert en matière de gestions des conflits et à ce titre il n’a pas manqué d’apporter sa contribution. Si nous avons été écoutés, on n’aurait pas perdu quatre mois dans des pourparlers stériles à Doha. Au Tchad, on aime naviguer à vue. Que Dieu sauve le Tchad.